Meurtre d’un journaliste au Cameroun : HRW demande une enquête « indépendante »

L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a demandé vendredi aux autorités camerounaises de mener une « enquête indépendante » et « transparente » sur le meurtre de Martinez Zogo, un journaliste populaire enlevé puis retrouvé mort dimanche avec un corps mutilé.

Il était le directeur général de la radio privée Amplitude FM, basée à Yaoundé, et l’animateur vedette d’une émission quotidienne, Embouteillage, dans laquelle il dénonçait régulièrement l’affairisme et la corruption dans ce pays d’Afrique centrale dirigé d’une main de fer depuis plus de 40 ans par un même homme, Paul Biya, et son tout puissant parti.

Enlevé le 17 janvier par des inconnus dans la banlieue de la capitale devant un poste de gendarmerie, Arsène Salomon Mbani Zogo, dit « Martinez », 50 ans, avait été retrouvé mort cinq jours plus tard. « Son corps a manifestement subi d’importants sévices », avait annoncé le gouvernement.

« Martinez Zogo était un journaliste qui prenait de grands risques pour faire éclater la vérité sur la corruption », a estimé dans un communiqué Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à HRW. « Son meurtre odieux envoie un message effrayant à tous les autres journalistes du Cameroun. Les autorités camerounaises devraient mener une enquête rapide et impartiale afin que les assassins de Zogo puissent être traduits en justice », poursuit-il.

Lire aussi :  Cameroun : au moins neuf personnes tuées par les militaires à Missong

A l’antenne, ce journaliste n’hésitait pas à mettre en cause nommément des personnalités importantes, du monde politique comme des affaires. Le gouvernement a annoncé « des enquêtes pour retrouver et traduire devant la justice les auteurs de ce crime odieux » et assuré que « le Cameroun est un État de droit où les libertés sont garanties, y compris la liberté de la presse ».

Le 9 mars 2022, Paul Chouta, reporter du média en ligne privé Cameroun Web, critique du pouvoir, avait été enlevé par plusieurs hommes et violemment agressé avant d’être laissé pour mort sur le bord de la route.

En août 2019, le journaliste Samuel Wazizi de la chaîne de télévision privée Chillen Muzik and TV (CMTV) était mort en détention dix mois après avoir été arrêté à Buea, dans l’ouest où il couvrait un sanglant conflit entre les forces de l’ordre et des groupes séparatistes armés anglophones ainsi que des affaires de corruption.

Lire aussi :  Au moins 87 nouveaux cas de choléra enregistrés au Cameroun

Le gouvernement avait mis longtemps à admettre publiquement son décès en prison mais affirmé qu’il avait succombé à une infection généralisée. L’ONG internationale Reporter sans Frontières (RSF) avait assuré, elle, avoir consulté des photos sur lesquelles M. Wazizi présentait de nombreuses blessures sur différentes parties du corps.

Selon le dernier classement RSF sur la liberté de la presse, le Cameroun occupe la 118e place sur 180 pays.

AFP/Sahutiafrica

Les plus lus

Football/CAF-C1 : Al Ahly en mission face à Mazembe à Lubumbashi

S’il s’attend à un match difficile face au TP Mazembe à Lubumbashi ce samedi 20 avril, Marcel Kohler, entraîneur d’Al Ahly, est confiant avant...

La compagnie Royal Air Maroc lance un appel d’offres pour de nouveaux avions

Royal Air Maroc, compagnie aérienne marocaine, a lancé un appel d'offres pour l'achat de nouveaux avions, pour répondre à la demande croissante de voyages,...

Nigeria : l’explosion d’une mine terrestre fait au moins 10 morts

L’explosion d’une mine terrestre a fait au moins dix morts et vingt-trois blessés dans une région en proie à la violence djihadiste depuis plusieurs...

Athlétisme : Letsile Tebogo confiant pour les athlètes africains aux JO de Paris

Les athlètes africains vont-ils performer aux Jeux olympiques de Paris en juillet prochain ? Le Botswanais Letsile Tebogo, vice-champion du monde de 100 mètres en...

Ghana : la communauté LGBT dans l’attente de la décision du tribunal sur une nouvelle loi...

Ce jeudi 18 avril, des membres de la communauté LGBT et des militants du Ghana attendent la décision du tribunal d'Accra, la capitale sur...

Sur le même thème

Le massacre de «Shakahola», une affaire qui a provoqué l’horreur au Kenya

Le Kenya marque cette semaine le premier anniversaire de la découverte macabre de centaines de corps de victimes d'un culte apocalyptique de la famine,...

En Tunisie, le célèbre journaliste Mohamed Boughalleb condamné à six mois de prison 

Mohamed Boughalleb, éminent journaliste tunisien et critique du président Kaïs Saïed, a été condamné à six mois de prison pour insulte à un agent...

RDC : Moussa Mondo écope de 20 ans de prison ferme

Accusé de violences conjugales ayant causé la mort de Khadidja Alisa, son épouse, Moussa Mondo, ancien vice-ministre des Hydrocarbures et imam du Conseil chiite...

RDC : nouvelle plainte pour éclaircir les circonstances de la mort de Chérubin Okende

En déposant une nouvelle plainte au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe ce lundi 15 avril, la famille de Chérubin Okende, ancien...

Le Nigeria récupère 26 millions Usd sur fond d’une enquête contre un ministère

Au Nigeria, la Commission des crimes économiques financiers (Efcc), agence anti-corruption, a, dans un communiqué publié dimanche 14 avril, annoncé avoir vingt-six dollars dans...