Il devait être libéré dans les tout prochains jours : l’assassin de Chris Hani, figure de la lutte anti-apartheid tué en 1993 lors des délicates négociations pour les premières élections démocratiques en Afrique du Sud, a été poignardé en prison mardi 29 novembre.
« Janusz Walus a été poignardé au cours de l’après-midi dans la prison de la capitale Pretoria où il était détenu », a déclaré à l’AFP un porte-parole des services pénitentiaires. Il est dans un état « stable » et reçoit actuellement « les soins nécessaires », a précisé l’administration dans un communiqué.
L’immigré polonais lié à l’extrême droite blanche afrikaner, aujourd’hui âgé de 69 ans, devait être libéré au plus tard jeudi après 30 années derrière les barreaux.
Après plusieurs refus, la Cour constitutionnelle, juridiction suprême, lui a accordé la semaine dernière la liberté conditionnelle.
Plusieurs dizaines de personnes scandalisées par cette décision de justice ont manifesté samedi à Johannesburg. Les hauts responsables du Congrès national africain au pouvoir (ANC) et du Parti communiste sud-africain (SACP), qui avaient appelé au rassemblement, ont clamé devant les médias : « Il a assassiné notre héros ».
Leader communiste et haut responsable de la branche armée du parti de la libération, Chris Hani, 50 ans, avait été tué de quatre balles à bout portant dans l’allée de son garage le 10 avril 1993.
A l’époque, de délicates négociations avec le pouvoir blanc en vue des premières élections démocratiques dans le pays sont en cours.
Vandalisme
L’assassinat exacerbe les tensions raciales et provoque de violentes émeutes dans les townships d’une Afrique du Sud secouée par les derniers soubresauts du régime raciste. Dans un vibrant discours télévisé, Nelson Mandela appelle au calme.
Janusz Walus est condamné à mort mais le nouveau régime ayant aboli la peine capitale en 1994, sa peine est commuée en réclusion à perpétuité.
Il était éligible à la liberté conditionnelle depuis une vingtaine d’années mais toutes ses demandes précédentes ont été rejetées.
Selon les premières constatations, M. Walus a été poignardé par un autre détenu. Une enquête doit être ouverte.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le mémorial érigé à la mémoire de Chris Hani situé dans le cimetière de Boksburg où il est enterré, a par ailleurs été vandalisé.
« Un des piliers est gravement endommagé. Un côté s’est effondré et le système d’éclairage a été dérobé », a déclaré à l’AFP Zweli Dlamini, porte-parole de la ville située à l’est de Johannesburg.
Le monument est constitué de quatre colonnes de marbre symbolisant les piliers de la lutte contre le pouvoir blanc menée par l’ANC, parti de la libération au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie en 1994.
Une enquête a été ouverte pour vol et vandalisme.
L’ANC s’est dite dans un communiqué « profondément attristée par le vandalisme et la profanation » du monument.
La mort de Chris Hani, au Panthéon des héros de la lutte anti-apartheid, est commémorée chaque année en Afrique du Sud. Sa famille s’est toujours opposée avec véhémence à la remise en liberté de son assassin.
Après l’annonce de la libération anticipée de Janusz Walus, sa veuve a dénoncé un « jugement diabolique ».
AFP/Sahutiafrica