Des jeunes mettent du sable dans des sacs en contre bas du ravin. L’image ressemble à s’y méprendre à une carrière d’extraction de sable. Nous sommes dans les commune de Kinsenso (quartier Libération) et de Lemba (Mbanza Lemba). Derrière une maison, des sacs sont disposés pour éviter le glissement de terrain. Certaines maisons sont déjà emportées par les eaux de pluies dans les quartiers Libération et Mbanza Lemba, deux quartiers dans la ville de Kinshasa.
Certaines familles ont quitté les quartiers pour éviter d’être emportées, des boutiques sont fermées à jamais. Ceux qui restent encore dans les quartiers Libération et Mbanza Lemba à Kinshasa affirment que la situation est invivable. En cette saison de pluie, la menace est permanente.
« Face à l’agressivité de l’érosion, les initiatives sont légions mais presqu’inefficaces à Kinsenso. Nous recourons à l’empaquetage de la terre dans des sacs plastiques transpercés des piquets qui les maintiennent dans le sol. C’est compliqué!”, confie un jeune rencontré non loin de l’érosion.
Se déplacer devient une casse-tête pour les habitants du quartier Libération.
L’unique voie reliant les quartiers Libération et Mbanza Lemba au reste de la ville, touchée par l’érosion à hauteur du marché Bambous dit « Libenge », est barrée de part et d’autre. Les véhicules en provenance de la commune de Matete et du quartier Mission sont obligés de s’arrêter au niveau de l’arrêt » Wenze ya ba Bambous « .
« Les érosions de Libenge n’arrêtent d’emporter des maisons. Les sinistrés se comptent par centaines. La vie est terrible par ici. Quand toutes ces maisons finiront par s’écrouler nous deviendront tous sans abri », se plaint Pascal, un habitant du quartier, impuissant face à l’avancée des érosions.

Les responsabilités?
«Nous lançons un cri d’alerte à la population et aux instances compétentes pour lutter contre les érosions », alerte Mafuta Baluba, chef du quartier Libération. Il déplore aussi le fait, lorsque les rares travaux de réhabilitation sont entrepris, aucune étude géologique n’est réalisée.
« Quand les érosions avaient commencé, j’avais pensé que l’État allait intervenir pour les calmer. Mais nous avons vu des ingénieurs égyptiens avec des tracteurs déversant des terres jaunes. Hélas, la situation s’était dégradé de plus en plus jusqu’à présent « , regrette, en larmes, Nancy Niongo, une autre habitante.
De son côté, Armand, assistant à l’Université de Kinshasa, dénonce l’irresponsabilité de certains habitants qui construisent de façon anarchique. Il condamne aussi la société de construction égyptienne et le gouvernement congolais qui ont abandonné les travaux de réhabilitation dans ces quartiers.
Ali Maliki