Le projet du gouvernement britannique d’envoyer au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Cela pourrait inciter d’autres pays qui reçoivent de nombreux migrants à avancer les mêmes arguments et à fermer leurs frontières. C’est ce qu’estime Filippo Grandi, patron du Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) au cours d’une conférence de presse tenu à Genève lundi 13 juin.
Pour lui, cet accord ne va pas du tout pour tellement de raisons différentes. On parle d’un pays avec des structures et des ressources qui exporte ses responsabilités vers un autre pays.
« Le Royaume-Uni dit que nous faisons cela pour éviter un dangereux périple à ces gens. Permettez-moi d’en douter un petit peu », a dit le patron du HCR. Ajoutant sous un ton ironique, « Protéger les gens d’un voyage dangereux, c’est super, c’est vraiment formidable, mais faut-il le faire de cette manière ? J’en doute. Cela crée un précédent catastrophique », a-t-il dit.
« Est-ce que j’éprouve de la peine pour les gens qui font ces voyages dangereux ? Mais bien sûr et plus que n’importe qui. Et est-ce que je ressens de la révulsion pour ceux qui profitent de cela ? Bien sûr, ce sont des criminels qui doivent être poursuivis, jugés et condamnés parce qu’ils commettent des crimes gravissimes », a souligné M. Grandi.
« Mais à partir de là, dire on ne prend plus ces gens-là, retournez chez vous, ce n’est pas juste », a-t-il tranché.
Dans la même journée, la justice britannique a annoncé qu’elle va rejeter les recours contre les expulsions de migrants au Rwanda, introduits par les ONG de défense des droits humains. Les premiers vols sont prévus ce mardi, près d’une dizaine de migrants seront à bord. Ils seront accueillis et logés dans un centre aménagé par le gouvernement rwandais à Kigali.
Dinho Kazadi