Des élèves ont été tués dans une école au Cameroun en octobre dernier. Les dessins d’illustration de ce drame circulent sur les réseaux sociaux. L’une d’elle représente un enfant portant un autre dans son dos. Tous deux pleurent.
«Vous pouvez utiliser l’image, mais gardez au moins la signature» a posté sur Facebook M Kadima, artiste dessinateur depuis la RDC. Il a visiblement était plagié.
L’oeuvre originale a été vendue quelques semaines plus tôt aux enchères à Kinshasa. Prix: à 10 mille dollars, selon des sources.
Alors que les commentaires vont bon train à Kinshasa et sur les réseaux sur ce tableau, l’artiste M Kadima vit détaché et loin de cette effervescence.
A la rédaction de SahutiAfrica qui le reçoit, M Kadima parle plus de sa passion pour le dessin, la peinture et la création. Une histoire, une aventure d’un autodidacte dont l’âme ressort certaines frustrations enfouies. Ses œuvres sont largement commentées et partagées dans la diaspora congolaise. Alors que M Kadima n’avait jamais pris le dessin au sérieux. « Moi c’était la musique que j’aimais. Quand j’arrive à Kinshasa en 2013, je quitte Goma pour venir participer au concours Best of the Best. Ça ne marche pas et je décide de rester », raconte-t-il.

Il est engagé dans une agence de communication à Kinshasa comme graphiste. Il y affûte ses armes.
A Goma, dans la province du Nord-Kivu, M Kadima a vécu différentes guerres en étant enfant. « Étant jeune, certains amis rwandais se moquaient de nous en disant, regardez les vrais hommes ont pris Goma. On n’avait rien à dire. On vivait ces frustrations de l’intérieur. Les balles qui crépitent, j’ai connu ça. Et c’est des années après que tout ce que j’ai vécu, mes peurs, mes cris de douleurs etc., ressortent dans mes dessins », confie Kadima.
L’écho de son premier dessin le surprend. « Alors que je finissais mon travail, je fais le dessin d’une femme à Beni, et puis je balance sur Facebook. Je reviens le jour d’après, je vois qu’il a été partagé par plus de 200 personnes. Des jours après, les partages ne s’arrêtent pas. C’est à ce moment là que je commence à repenser à ma façon de travailler ».
Ses œuvres qui ont le plus marqué les esprits, c’est le tableau d’une femme en pleure avec un enfant dans le dos et celui de deux enfants dont l’un cache son visage avec son bras. Pourquoi cette œuvre? « Quand on vivait la guerre à Goma où j’ai vécu pendant 7 ans, on était impuissant et je ne savais pas quoi faire. Je me suis dit pourquoi ne pas utiliser ma création pour faire bouger les choses. Et c’était parti. En fait, les émotions qu’il y a dans mes œuvres, on ne peut les ressortir quand on les as pas en soi », raconte l’artiste.

Par moment, il prend un air pensif, comme s’il se replongeait dans ce qu’il a vécu et entre deux éclats de rire, M Kadima ne perd pas le fil.
Comment s’est-il retrouvé à dessiner?
« Je n’ai jamais fait une école d’art. Je suis un autodidacte et j’ai appris sur le tas, confesse-t-il. Ce sont juste mes inspirations qui ressortent. C’est entre 2013 et 2016 que mes œuvres ont vraiment commencé à faire parler de moi. Et dire que je n’avais jamais pris le dessin au sérieux », raconte l’artiste créateur.
Jacques Matand’