Ce samedi 14 mai, des centaines de personnes ont manifesté pour protester contre l’arrestation de deux étudiants à la suite du meurtre d’une étudiante chrétienne accusée de blasphème à Sokoto, Etat situé dans le nord-ouest du Nigeria. Des jeunes exigent la libération des deux détenus par la police nigériane.
Selon la police nigériane, les deux hommes ont été arrêtés et d’autres suspects qui apparaissaient sur une vidéo du meurtre qui a circulé sur les réseaux sociaux, également recherchés.
Certains des manifestants se sont rendus au palais de Muhammad Sa’ad Abubakar, sultan de Sokoto et plus haute figure islamique au Nigeria, qui a condamné le meurtre et demandé que les coupables soient traduits en justice.
« Il s’agissait d’une émeute (menée par) une foule de jeunes hommes et de femmes qui exigeaient la libération des deux personnes arrêtées pour le meurtre de l’étudiante chrétienne », a déclaré à l’AFP Ibrahim Arkilla, un habitant de Sokoto. Il indique que la foule exigeait également que la police mette fin à la traque des personnes identifiées comme ayant pris part au meurtre.
« Les forces de sécurité déployées pour protéger le palais ont demandé aux manifestants de partir, mais ils sont devenus incontrôlables », a dit Bube Ando, qui vit près du palais du sultan.
« Les policiers et les soldats ont lancé des grenades lacrymogènes et tiré en l’air et ont réussi à disperser la foule », a-t-il ajouté, sans préciser s’il y avait eu des blessés.
La foule en colère s’est ensuite repliée dans le centre-ville où elle a tenté de piller des magasins appartenant à des chrétiens, mais elle a été dispersée par les forces de l’ordre, selon un autre habitant.
Vendredi 13 mai, Muhammadu Buhari, président nigérian, a fermement condamné le meurtre de Deborah Samuel, affirmant que personne n’a le droit de se faire justice soi-même.
Le Nigeria, géant de 215 millions d’habitants divisé de manière presque égale entre un Nord majoritairement musulman et un Sud majoritairement chrétien, est l’un des pays les plus religieux au monde. Dans l’islam, le blasphème, en particulier contre le prophète, est passible de la peine de mort selon la charia, instaurée en 2000 dans 12 Etats du nord du pays.
AFP/Sahutiafrica