Amos Lugoloobi, ministre ougandais des Finances, a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le détournement d’au moins 14.500 plaques de tôle destinées à des logements à bas prix à Karamoja, a annoncé la police ce samedi 15 avril.
Cette région instable du nord-est de l’Ouganda, frontalière du Kenya et du Soudan du Sud, est la plus pauvre du pays.
Selon la police, plus d’une dizaine de ministres, 31 membres du Parlement et 13 agents administratifs sont visés dans cette enquête, lancée à la demande du président Yoweri Museveni.
« A la suite d’enquêtes en cours sur les allégations de vol et de détournement de tôle destinées à la région de Karamoja, le Bureau du directeur des poursuites pénales a engagé des poursuites contre l’honorable Amos Lugoloobi, ministre des Finances, de la Planification et du Développement économique », a déclaré Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise à l’AFP.
M. Lugoloobi a été arrêté quelques heures après avoir fait ramener 600 plaques de tôle dans des entrepôts du bureau du Premier ministre, qui supervise le développement de la région de Karamoja.
« Le ministre Lugoloobi a été arrêté hier soir (vendredi) et est actuellement détenu à la division de police de Kira (dans la capitale Kampala, ndlr) en attendant sa comparution devant un tribunal », a ajouté le porte-parole de la police.
C’est le deuxième ministre arrêté en moins de deux semaines dans cette affaire qui a suscité un tollé dans ce pays d’Afrique de l’Est où la corruption est endémique.
La ministre en charge de la région de Karamoja, Mary Goretti Kitutu, avait été arrêtée avec son frère le 4 avril puis ensuite inculpée par un tribunal pour avoir causé « une perte pour le gouvernement » et « association de malfaiteurs à des fins de fraude ». Elle et son frère ont passé huit jours en détention, avant d’être libérés sous caution vendredi.
Lors de l’arrestation de Mary Goretti Kitutu, le chef de l’opposition ougandaise, Bobi Wine, avait dénoncé un « écran de fumée », accusant le gouvernement de Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1985, de bien pire. « Nous ne pouvons pas nous réjouir d’une accusation liée à des tôles de fer alors que des milliards de dollars sont détournés par des responsables gouvernementaux », a-t-il affirmé.
Ali Maliki