Ce jeudi 25 mai, la police a étouffé un rassemblement de l’opposition à Kinshasa, capitale congolaise, qui a appelé à manifester devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour dénoncer « la mauvaise » gouvernance et « la préparation des élections chaotiques ».
Sans doute, la pression ne baisse pas. Le bras de fer entre autorités et opposants se poursuit. Boulevard du 30 juin. Commune de la Gombe, centre d’affaires à Kinshasa. Le dispositif sécuritaire et la présence de policiers renforcés. Les barricades y sont érigées depuis les premières heures. Magasins, boutiques… fermés. La circulation des piétons est filtrée. Des véhicules font demi-tour. Certains piétons se voient obligés de faire un détour pour contourner les barricades. D’autres rebroussent chemin. L’atmosphère est tendue.
En fait, Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Delly Sesanga et Matata Ponyo, quatre leaders de l’opposition, ont appelé à manifester devant le siège de la Ceni, défiant les autorités qui ont interdit cette manifestation. Sur le boulevard, la mobilisation s’intensifie.

Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Delly Sessanga, Martin Fayulu, tous candidats déclarés à la présidentielle de 2023, rejoignent à tour de rôle leurs sympathisants. « Nous sommes en sit-in. Je crois qu’ils ont compris le message. Nos militants sont là, mais ils sont empêchés », a déclaré l’opposant Martin Fayulu.
La police ne bouge pas. Les manifestants n’avancent pas non plus. Des effigies et des pancartes inscrites “Tshisekedi dégage”, les militants scandent des chansons contre le pouvoir. Mais ils sont à plus d’une centaine de mètres du siège de la Ceni.
#RDC: “Nous sommes venus manifester contre un processus électoral chaotique”, Matata Ponyo pic.twitter.com/COglogi4Qe
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) May 25, 2023
Les quatre leaders tentent de convaincre la police afin de leur laisser la liberté d’avancer vers leur destination, la centrale électorale. Les minutes passent. La tension monte. Le dispositif policier se renforce. Lorsqu’il est midi, les forces de l’ordre dispersent les manifestants. Les opposants résistent, mais ne tiennent pas pendant longtemps. « S’il pense qu’il va passer par la force, s’il pense qu’il va consommer l’argent du contribuable congolais comme il l’entend et qu’il va encore faire garder à Félix Tshisekedi le poste qu’il a usurpé, nous lui disons non. C’est la vérité des urnes qui va prévaloir », lâche Martin Fayulu, cité par Actualité.cd.
Martin Fayulu est le dernier des quatre leaders à quitter le lieu après avoir résisté devant la police. Katumbi, Matata et Sessanga ont été évacués par leurs gardes après bousculade de la police. Pas de coup gaz lacrymogène ni de tirs de sommation. La police a dispersé le rassemblement à l’aide des matraques. Jusque-là, aucun bilan n’a été immédiatement dressé par les opposants ni la police.
La veille, l’hôtel de ville de Kinshasa avait interdit cette activité du fait que le site choisi par les auteurs de cette manifestation est « repris parmi les zones neutres ».
A sept mois de la présidentielle, le climat se crispe entre l’opposition et le pouvoir. Le samedi, une manifestation de l’opposition a été réprimée. Mais la gestion de cette manifestation a suscité la polémique.
Joe Kashama