Des bidons et des seaux remplis d’eaux avec des détergents en poudre. Des éponges entre les mains. Assis ou debout. Des hommes et femmes scandent à la criée « sokola makolo na yo na 500 FC », traduits en français « lavez vos pieds à 500 FC », aux personnes qui entrent ou sortent du grand marché de Kinshasa, capitale de la RDC, où la boue et les flaques d’eaux règnent en maîtres dans chaque coin et recoin de ce grand bazar kinois. Ces personnes ont comme métier de laver les pieds d’usagers. L’état des routes s’est empiré à cause des récentes pluies en cette période festive de fin d’année.
« Depuis que la saison des pluies a commencé, les routes sont en mauvais état dans la capitale. Et j’ai dû penser à migrer vers ce métier alors que je suis cordonnier de formation. Car cela rapporte beaucoup plus en revenus », confie à Sahutiafrica Michaud, la vingtaine révolue et laveur des pieds.
Hugues Mbala, la quinzaine et vendeur des sachets d’eau, ce métier est la cible des forces de sécurité. « Pour ne pas être dérangé ou expulsé, il faut donner un montant auprès des agents de l’ordre. La vigilance et le courage doivent faire partie de ce boulot. Et le prix varie pour chaque client de la manière dont il a été sali par la boue ou les flaques d’eau », dit-il.
Pour ma Mbombo, mère de famille retrouvée sur l’avenue Rwakadingi. Elle lave des pieds d’un client qui tient des sachets avec quelques articles pour enfants. « La vie est dure dans le pays. Ce boulot est vraiment un gagne-pain. Ce n’est pas facile mais c’est bénéfique (rires), je me retrouve avec au moins 20.000 FC la journée », lâche-t-elle.
Face à cette situation, certaines personnes ont changé d’habitude. Elles portent des bottes en caoutchouc ou mettent des sachets en plastique pour ne pas être à la merci de la boue et des flaques d’eaux. « Je vends dans un magasin au grand marché et ce n’est pas facile avec de la boue. J’ai opté pour les bottes que j’ai achetées à 8.000 FC, au lieu de dépenser chaque jour auprès des laveurs de pieds », déclare Shambuyi, vendeur des habits pour enfants au marché Zando.
A Kinshasa, la population afflue les grands marchés pour les festivités de fin d’année. Et ce malgré, l’état de délabrement des routes. Les Kinois faufilent, font des acrobaties et vont à la recherche des produits de première nécessité ou des nouveaux vêtements pour festoyer en famille.
Ali Maliki