Une récente enquête menée par le cabinet Target SARL met en lumière une évolution remarquable des centres d’intérêt des Congolais entre 2023 et 2025. Réalisée sur un échantillon représentatif de 2 000 personnes, cette étude révèle non seulement la persistance de certaines passions nationales comme la musique et le sport, mais aussi l’émergence significative d’un nouvel engagement citoyen, en particulier envers les questions politiques.
La musique, indétrônable dans le paysage culturel congolais, reste en tête des préférences, passant de 32 % en 2023 à 34 % en 2025. Le sport, notamment le football, conserve une stabilité relative autour de 30 %. Ces deux domaines confirment leur ancrage dans la vie quotidienne, en tant que vecteurs de distraction, de cohésion sociale et parfois même de revendication identitaire.
Pourtant, c’est du côté de l’engagement politique que le changement le plus saisissant s’opère. L’intérêt pour la politique a connu une hausse fulgurante, passant de 1 % à 8 % en deux ans. Ce regain d’intérêt semble étroitement lié à l’actualité nationale marquée par la guerre à l’Est du pays, les élections générales, les mouvements citoyens ainsi que la montée de la conscientisation chez les jeunes urbains. La politique, autrefois perçue comme un domaine réservé aux élites ou comme source de désillusion, semble désormais attirer davantage l’attention des citoyens.
À l’inverse, des activités naguère très valorisées enregistrent un net recul. La lecture, qui occupait 20 % des préférences en 2023, est tombée à 13 % en 2025. Le cinéma suit une trajectoire similaire, chutant de 21 % à 12 %, malgré l’essor des plateformes de streaming et la montée des productions locales. Cette baisse peut s’expliquer par un désintérêt croissant des jeunes pour les formats longs et une préférence pour les contenus courts et instantanés sur les réseaux sociaux.
De son côté, la religion, pourtant considérée comme pilier de la société congolaise, connaît un déclin de 30 % à 22 %. Ce recul pourrait traduire une mutation des formes de spiritualité, une désaffection vis-à-vis des institutions religieuses traditionnelles ou encore un changement de priorités dans un contexte de crises multiples.
En revanche, la cuisine reste étonnamment stable dans les préférences des Congolais, autour de 18 %, confirmant son rôle central dans la convivialité familiale et les rassemblements sociaux. Elle semble échapper aux fluctuations, incarnant une forme de résistance culturelle.
L’étude de Target SARL précise également que ces tendances varient en fonction de l’âge, du genre, du revenu et du niveau d’instruction.
Ephraïm Kafuti

