Il ne faudrait pas oublier les femmes congolaises mortes des agressions sexuelles. C’est en fait ce qui motive les actions que mène Marie Hélène Mbuyi, coordonnatrice de l’Ong Sirocco-Ekumbaki-Mupepe ya sika. Dans une interview exclusive à Sahutiafrica, elle confie avoir introduit une pétition auprès de Félix Tshisekedi, président congolais, pour retenir la date du 19 novembre comme la journée nationale de commémoration de toutes les violences faites aux femmes congolaises.
Pour Marie Hélène Mbuyi, la date du 19 novembre devra être celle où les garçons et les filles doivent être sensibilisés sur les violences sexuelles. Elle affirme avoir été motivée par l’absence d’une date nationale pour commémorer la tragédie vécue par les femmes congolaises, vivant notamment dans des zones en proie à des conflits armés.
Sahutiafrica : Dans la pétition introduite auprès du président Félix Tshisekedi, vous dénoncez les violences sexuelles faites aux femmes en RDC, mais qui sont ignorées ?
Marie Hélène Mbuyi : Non, la pétition vise à retenir la date du 19 octobre comme une date particulière de commémoration des femmes victimes d’agressions sexuelles en RDC. Car, il y a des souvenirs atroces qui se rattachent à cette date du 19 octobre 1999 où les femmes ont été grièvement violées avec des tranches d’arbres, tuées par les douleurs des viols. Voilà pourquoi nous considérons cette date comme une date ultime où nous nous souviendrons de la femme congolaise violée et tuée.
SA : Trouvez-vous que la cause de la femme n’est pas assez portée à la place publique, étant donné qu’elle n’a pas de date particulière au niveau national ?
M.H.M : A mon avis non. Le 25 novembre est une date internationale, mais nous qui avons vécu ces atrocités dans notre chair, nous devons avoir une date particulière où nous allons éduquer les petits garçons et filles sur les violences sexuelles. La difficulté en Afrique est qu’on reste dans l’oralité. Nous devons écrire l’histoire parce qu’un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.
SA : Que voulez-vous apporter de nouveau en proposition de cette date ?
M.H.M: nous voulons que cette date devienne une date éducative déjà qu’il y a des conférences organisées sur la masculinité positive, c’est encourageant. Mais chaque peuple qui a vécu des atrocités doit écrire un mémorial. Il y a que le Congo qui n’a pas eu des souvenirs de ces victimes durant 20 ans et plus.
SA : qu’elle a été votre réaction par rapport à la présence du président rwandais Paul Kagame lors de la journée sur la masculinité positive, alors que ces troupes sont accusées de ces abus ?
M.H.M : Je n’étais pas du tout étonnée, même si le commun de mortel est choqué. Mais étant donné que le chef de l’État actuel est président de l’Union africaine, il devait être invité, mais il devait être gêné d’être là parce que le président sénégalais Mack Sall a rendu hommage au docteur Denis Mukwege que Paul kagame ne reconnaît pas.
Propos recueillis par Evodie Koyeni