Nommé cinq mois après l’investiture du président Tshisekedi pour un second mandat, le gouvernement de Judith Siminwa s’attend à plusieurs défis en RDC.
Dans cette équipe de 54 membres, il y a trente nouvelles figures, des revenants et des surprises. Christian Moleka, analyste politique et coordonnateur de la Dynamique des politologues congolais (Dypol), parle des surprises. Lesquelles ?
« Lorsque la Première ministre a commencé à poser ce qui serait son gouvernement, elle avait insisté sur la taille qu’elle devait être réduite. On parlait de 44 et 45 ministres. Là, on est rentré dans le format presque habituel avec un gouvernement à 54 qui n’est pas très loin du gouvernement Sama », explique Christian Moleka à Sahutiafrica.
Surprise
Pour lui, la présence de chefs de partis dans ce gouvernement est aussi une surprise. En fait, Judith Suminwa a affirmé vouloir d’une équipe sans chefs de partis. « Mais les chefs de partis politiques ont résisté. On a un gouvernement qui ne respecte pas les lignes tracées dès le départ, à savoir : une équipe réduite et un gouvernement sans chef de partis », décrypte l’analyste.
Il indique que « la surprise, c’est aussi le fait que 60% de nouveaux acteurs ». D’après M. Moleka, cela montre une volonté d’amener un nouveau vent aux côtés de 35% des anciens ministres reconduits. L’analyste est aussi surpris par la présence de Constant Mutamba, nommé ministre de la Justice, dans ce gouvernement. Jusque-là, il portait les habits d’opposant. A l’Assemblée nationale, il a même concouru pour le poste de rapporteur adjoint du bureau définitif, seul poste réservé à l’opposition.
Changements notables
La nomination du gouvernement suscite beaucoup d’espoirs et d’attentes. Judith Suminwa Tuluka, Première ministre et première femme à occuper cette fonction, se sait très attendue. Son équipe doit être investie à l’Assemblée nationale avant le 15 juin. Entre-temps, le contexte sécuritaire est toujours aussi tendu dans l’est de la RDC, où FARDC et rebelles du M23 s’affrontent. Ce jeudi, des sources ont fait état de violents combats près de Saké dans le territoire de Masisi.
Sur la table, il y a aussi l’inflation galopante, l’amélioration des conditions socio-économiques, mais aussi l’épineux dossier au cœur de la brouille entre Kinshasa et Kigali. Sur ces fronts, deux acteurs ont été écartés. Il s’agit de Christophe Lutundula, qui a quitté les Affaires étrangères et de Jean-Pierre Bemba permuté aux Transports. A la diplomatie, le président Tshisekedi a désigné Thérèse Kayiwamba Wagner et Guy Kabombo Muadiamvita à la Défense. Sur le front médiatique, Patrick Muyaya a été maintenu.
« Le peuple attend une réponse sécuritaire énergique pour l’est du pays, mais également une réponse aux nombreuses attentes sociales, à savoir : maîtriser la perte du pouvoir d’achat, la flambée de prix de denrées alimentaires de base, la politique monétaire, paiement régulièrement les salaires, donner vie aux routes qui sont en état de délabrement dans la ville et dans beaucoup d’autres villes du pays », détaille Christian Moleka. Il prône aussi des politiques qui rencontrent les priorités sociales de la population, mais aussi « la création des emplois ».
La restauration de la paix, la création des emplois et l’amélioration de la situation socio-économique. Tels sont notamment les engagements du président Tshisekedi que Judith Suminwa et son équipe vont devoir mettre en œuvre.
Trésor Mutombo