Le 8 mars, c’est la journée internationale de promotion des droits de la femme. A Kinshasa, capitale congolaise, des femmes et filles sont, généralement habillées en pagnes. Mais y-a-t-il un rapport entre le port du pagne et cette journée dédiée à la promotion des droits de la femme ?
Non, pense Cynthia Basele. La vingtaine révolue et noire de peau, Cynthia ne cache pas son opposition sur le fait d’associer la femme au port du pagne. « Je respecte celles, qui pensent qu’il faut porter le pagne le 8 mars, mais je ne soutiens pas, forcément, l’idée selon laquelle le pagne représente la femme », dit-elle.
Aucun rapport entre la femme et le port du pagne le 8 mars
Cynthia Basele rappelle aussi que « le pagne n’est pas une production africaine. Et son origine vient de très loin ». « Je ne vois pas le rapport entre une femme et le fait de porter le pagne. La femme peut valoriser son corps d’une manière ou d’une autre. Le pagne n’est pas quelque chose qui sert à identifier des véritables femmes », ajoute-elle.
Comme Cynthia, Ruth Kantonya, étudiante en première licence à l’Université catholique du Congo, ne voit aussi aucun rapport. « C’est une journée des droits de la femme et non, une journée de la femme tout simplement », précise Ruth Kantonya. Pour elle, le port du pagne ne veut pas dire réclamer ou avoir ses droits. « Ici en RDC, on comprend mal les choses », lâche-t-elle.
«Plusieurs hommes aiment voir leurs femmes habillées en pagnes»
Pourtant, pour d’autres, le port du pagne le 8 mars est symbolique. Dans la cinquantaine, les lunettes avec la monture noire sur les yeux, une femme raconte que dans les années antérieures, les femmes ne portaient que le pagne. « C’est notre façon de s’habiller », explique-t-elle.
Elle reconnait tout de même que le pagne n’est pas une invention africaine ou congolaise. Mais ça reste une tenue, qui donne une certaine dignité à la femme congolaise. « Lorsqu’une congolaise porte un pagne, elle est toujours chic. Plusieurs hommes aiment voir leurs femmes habillées en pagnes », souffle-t-elle.
La journée de la femme centrée sur le port du pagne
« Même les femmes, qui portent les pantalons ou les robes du 1er au 31, fournissent l’effort d’être en pagnes le 8 mars. C’est en fait parce qu’on se dit que le pagne, c’est l’habit de luxe pour les Congolais. Ça donne de la valeur à la femme. C’est la raison pour laquelle les femmes ont centré ça sur cette journée », argue Rachel Emisave, la vingtaine révolue et communicologue. Rachel estime qu’en RDC, « la célébration de la journée de la femme, en date du 8 mars, est centré sur le port de pagne ».
« C’est la raison pour laquelle on y incite. Au lieu même de parler droits de femme ou genre, on parle plus du pagne. De son coût d’achat plutôt que des valeurs qu’il y a à mettre en avant. Des valeurs qu’on est censé promouvoir en cette journée de la femme. Une minorité de personnes, qui s’y intéresse », fait-elle remarquer.
« L’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable ». C’est le thème que les Nations unies a choisi cette année pour la célébration de la journée internationale de la femme. En RDC, le thème adopté est : « l’autonomisation des femmes et filles dans le contexte de lutte contre le changement climatique et la réduction des risques des catastrophes ». Cette journée devra servir aux femmes de faire promouvoir leurs droits et non seulement se limiter au port du pagne.
Trésor Mutombo