Le procès de Félicien Kabuga, 89 ans, présumé argentier du génocide au Rwanda et arrêté en 2020, après 25 ans de cavale, débute à la Cour pénale internationale de La Haye ce jeudi 29 septembre.
L’homme d’affaires rwandais doit répondre de six chefs d’accusation. Il est inculpé pour « génocide », « incitation directe et publique à commettre le génocide » et « crimes contre l’humanité » commis au Rwanda entre avril et juillet 1994.
Le procureur attend s’appuyer sur une cinquantaine de témoignages pour obtenir sa condamnation. Mais à la veille de son procès, M. Kabuga a, dans un courrier adressé aux juges, dit ne pas faire confiance au Me Emmanuel Altit, son avocat, selon RFI.
Le procureur reproche à l’homme d’affaires rwandais d’avoir apporté un soutien matériel, financier, logistique, mais aussi moral aux interahamwes, milices hutues. D’après l’accusation, Félicien Kabuga se serait retranché à Gisenyi avec les dignitaires du régime de Juvénal Habyarimana, où il a créé le Fonds de défense national, abondé par des hommes d’affaires pour permettre d’armer les milices interahamwes.
M. Kabuga aurait mis, selon le procureur, à la disposition des miliciens, sa résidence de Kimironko, leur fournissant armes, uniformes, munitions et transports. Le procureur accuse Félicien Kabuga d’avoir incité les attaques de milices hutus, alors qu’il présidait le comité de gestion de la Radio-Télévision des Mille collines.
Félicien Kabuga, qui a su échapper à la justice, a été arrêté en mai 2020 en banlieue parisienne. Ses avocats ont, jusqu’au dernier moment, tenté qu’il échappe à ce procès, en évoquant son état de santé. Selon eux, leur client était « inapte à être jugé » en raison de son âge. Mais ces arguments ont été rejetés. La principale association de survivants du génocide au Rwanda avait salué cette décision.
Les faits reprochés à l’hommes d’affaires rwandais remontent à il y a 28 ans. C’était lorsque son pays, le Rwanda, sombre dans une folie meurtrière au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, le 6 avril 1994. Selon les Nations unies, le génocide au Rwanda a fait plus de 800.000 morts et des milliers de déplacés.
Trésor Mutombo