Vendredi 1er juillet, Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone, a donné son feu vert au projet de loi sur la « maternité sans risque » qui décriminalise l’avortement dans un pays où le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés au monde.
« Mon gouvernement a approuvé à l’unanimité un projet de loi sur la maternité sans risque qui comprendra une série de dispositions essentielles pour garantir la santé et la dignité de toutes les filles et femmes en âge de procréer dans ce pays », a annoncé le chef d’Etat sierra-léonais lors de son discours de clôture de la 10e Conférence africaine sur la santé et les droits sexuels à Freetown.
Selon la présidence, la loi doit encore être discutée et votée au Parlement.
« A une époque où les droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive dans le monde sont soit renversés soit menacés, nous sommes fiers que la Sierra Leone puisse à nouveau mener une réforme progressiste », a dit M. Bio sous un tonnerre d’applaudissements du public.
En 2015, le Parlement de la Sierra Leone avait adopté la loi sur l’avortement sécurisé, mais le président de l’époque, Ernest Bai Koroma, avait refusé de la promulguer en raison des pressions de certains groupes religieux.
La loi actuelle sur l’avortement en Sierra Leone date de 1861, un siècle avant l’indépendance du pays. Elle interdit l’avortement, sauf si la vie de la femme est en danger.
Pourtant, les autorités sanitaires estiment que les avortements à risque causent environ 10 % des décès maternels du pays. Le Fonds des Nations unies pour les populations a dénombré 1.120 décès maternels pour 100.000 naissances en 2017, l’un des taux les plus élevés au monde.
« À l’adolescence, j’ai failli saigner à mort après un avortement clandestin. Que cette génération soit la dernière à vivre ces horreurs », a réagi Josephine Kamara, une militante féministe.
Le pays rejoint désormais les nations africaines Bénin, Cap-Vert, RDC, Kenya, Mozambique, Tunisie, Afrique du Sud et Zambie dans la légalisation ou la dépénalisation de l’avortement.
La Rédaction