Alors que la présidentielle est prévue pour avril prochain, le climat politique est tendu au Tchad. Les communications sont restreintes ainsi que la connexion internet. sahutiafrica.net s’est entretenu avec Alfred Ramadji, analyste politique tchadien.
« Je sais que le pays est assis sur un volcan. Il suffit d’une petite faille, il y aura irruption. Le vote n’est toujours pas intériorisé jusque-là, comme le véritable mode d’évolution du pouvoir. On peut craindre qu’un jour ou l’autre, au lieu d’un bulletin de vote qu’on reprenne la Kalachnikov », prévient Alfred Ramadji. Il affirme qu’“aucune élection n’a permis de stabiliser le climat politique au Tchad”.
Les opposants ont tiré « les conséquences du climat politique », et se sont retirés de la course pour le prochain scrutin présidentiel.
Après une tentative d’arrestation de l’opposant Yaya Dillo à son domicile à N’Djamena, la capitale, et le climat de tension qui prévaut à l’approche du scrutin, Saleh Kebzabo, principal opposant au président Idriss Déby, a retiré sa candidature. La tentative d’arrestation de Yaya Dillo a coûté la vie à cinq membres de sa famille, dont sa mère. Le gouvernement tchadien n’a reconnu que la mort de la mère de Yaya Dillo et celle de deux policiers.
Il faut respecter les accords
« Je pense qu’en 2007 avec l’intervention de l’Union Européenne, le Tchad a pu mettre en place des accords qui demandent à être revisiter et repenser. Aujourd’hui, si on se retrouve encore avec une opposition qui refuse de se mettre sur la ligne de course, il y a lieu de réactiver ces accords et de les réexaminer », explique Alfred Ramadji.
« Quand vous prenez toutes les élections, que ce soit présidentielle ou législatives, que le pays a connu depuis 1996, lorsque vous les analysez, on se pose la question de la crédibilité des opérations électorales et même des institutions qui gèrent le processus électoral », s’interroge l’Analyste politique.
A l’approche de la présidentielle prévue le 11 avril au Tchad, les opposants accusent le pouvoir d’utiliser la force pour intimider ses adversaires. « Si jamais, on organise un dialogue, on attend que le dialogue puisse produire quelque chose de concret. Moi, j’appelle vivement à une cinquième République qu’il faut rapidement fonder. Peut-être que la 5eme République va mettre en place des institutions adéquates et fortes. Des institutions qui sont créées pour la continuité de l’État, mais pas des institutions qu’on crée simplement pour assouvir des besoins personnels », a dit Alfred Ramadji.
Entre-temps, les manifestations publiques de l’opposition ou de la société civile sont réprimées ou interdites tout simplement. Depuis le lundi 1er mars, la connexion internet est coupée. Au pouvoir depuis 30 ans, Idriss Déby a été investi candidat président par son parti pour un sixième mandat.
Trésor Mutombo