Controversée, la Constitution proposée par Kais Saïed, président tunisien, a été adoptée à une majorité absolue de 94,6%, selon les résultats définitifs du référendum du 25 juillet. Cette annonce a été faite par Farouk Bouasker, président l’organe électoral, devant un parterre de journalistes mardi 16 août.
C’est après que le tribunal administre a rejeté tous les recours contre le processus référendaire. Il ne reste plus qu’au président Saïed de la promulguer. « La nouvelle loi fondamentale a été approuvée par un peu plus de 2,6 de personnes », détaille-t-il. Ce référendum a connu « un taux de participation considéré comme très faible à 30,5% ».
La nouvelle Constitution renforcera les prérogatives du chef de l’Etat et ne prévoit pas de procédure de destitution du président, qui nomme le chef de gouvernement et les ministres et peut les révoquer à sa guise.
Une deuxième chambre est créée au sein du Parlement pour représenter les régions et contrebalancer l’Assemblée du peuple. Mais cette nouvelle loi fondamentale instaure un régime hyper-présidentiel en rupture avec celle en vigueur depuis 2014 qui limitait le rôle du chef de l’Etat pour éviter des régimes comme la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, mais aussi la dérive autocratique d’Habib Bourguiba, héros de l’indépendance tunisienne.
Tout est parti le 25 juillet 2021 lorsque la Tunisie plonge dans une crise politique. Face au blocage, le président Kais Saïed décide alors de limoger le Premier ministre et de geler les activités du Parlement avant de le dissoudre en mars dernier. L’opposition, qui a appelé au boycottage du référendum, dénonce un coup de force de M. Saïed. Elle l’accuse de dérive dictatoriale ainsi que vouloir un habit trop grand pour lui, en s’orangeant tous les pouvoirs.
Trésor Mutombo