En Afrique du Sud, le nouveau gouvernement de trente ministres, composé de représentants de partis politiques de l’opposition, a été investi ce mercredi 3 juillet.
Quelque 32 ministres et 43 ministres délégués, dont 32 femmes au total, ont prêté serment lors d’une cérémonie de plusieurs heures tenue au Cap et retransmise à la télévision.
Ils ont tour à tour juré en levant la main droite d’être « fidèles à la démocratie », devant le président de la Cour constitutionnelle et en présence du président Cyril Ramaphosa. Le vice-président sortant Paul Mashatile, reconduit, a également été investi.
Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid, le Congrès national africain (ANC) qui a régné seul pendant trente ans, a été contraint à partager le pouvoir après un revers cinglant aux législatives fin mai.
Sanctionné dans les urnes dans un climat socio-économique morose, le parti historique n’a obtenu que 40% des voix et a perdu sa majorité absolue au Parlement.
Six ministères sont désormais aux mains de l’Alliance démocratique (DA, centre libéral). Décrochant 21,8% des voix au scrutin, le parti encore largement perçu comme un mouvement blanc était jusqu’ici le premier parti d’opposition, très critique vis-à-vis de l’ANC, notamment pour son incapacité à relever l’économie et contenir la corruption.
La DA a notamment obtenu l’Environnement, l’Intérieur et les Travaux publics. Son chef, John Steenhuisen, 48 ans, a été nommé ministre de l’Agriculture. Six autres ministères ont été répartis entre cinq petits partis. L’ANC conserve vingt postes dont les Finances, l’Energie, les Affaires étrangères, la Défense, le Commerce ou encore les Transports.
La composition inédite du nouveau gouvernement annoncée par M. Ramaphosa dimanche, déplaçant le curseur politique vers le centre-droit, est le résultat d’un mois d’âpres négociations entre l’ANC et la DA.
Cyril Ramaphosa, 71 ans, réélu pour un second mandat de cinq ans et félicité mardi par téléphone par le président américain Joe Biden, a dû jongler entre les demandes émanant de son propre parti et celles de ses nouveaux alliés. Et s’est attiré des critiques pour avoir renoncé à sa promesse de réduire la taille du gouvernement. Le dernier comptait 30 ministres.
Dans l’opposition, les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) ont notamment dénoncé un « cabinet élargi et gonflé, qui laisse présager une pression accrue sur les contribuables ».
Chaque ministre gagnera plus de 2,5 millions de rands (126.000 euros) par an, hors avantages, tandis que les vice-ministres gagneront plus de 2,2 millions de rands (111.000 euros), selon le journal officiel. Les avantages comprennent une sécurité d’État élaborée ainsi que des résidences au Cap et à Pretoria.
AFP/Sahutiafrica