Après le retrait du Mali, Burkina et du Niger, quelles conséquences pour la Cédéao ?

Quelles conséquences pour la Communauté économique des Etats ouest-africains (Cédéao) après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger ? C’est la question que tout le monde se pose.

 

Une décision qui continue de faire polémique. En fait, les relations entre les trois Etats, dirigés par de junte, et la Cédéao sont tendues. Bamako, Ouagadougou et Niamey justifient leur décision par l’absence du soutien de l’organisation sous-régionale dans la lutte contre la menace djihadiste, mais aussi des sanctions leur sont imposées qu’ils jugent « illégales, illégitimes et inhumains ». Une première depuis près de 50 ans d’existence de l’organisation.

 

Avant leur retrait, les trois Etats ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES), en signant la « Charte du Liptako-Gourma » le 16 septembre dernier. Pour des analystes, cette décision du Mali, Burkina Faso et du Niger était prévisible. « La Cédéao a perdu sa crédibilité et pourrait aller petit à petit vers sa disparition », argue Christian Bule, spécialiste des questions internationales et chercheur en relations internationales.

Lire aussi :  Burkina Faso : quand le capitaine Traoré charge ses voisins ivoirien et béninois

 

Arrivés au pouvoir à la faveur de putsch, les chefs d’Etat du Mali, Burkina Faso et du Niger ont fait de la lutte contre la menace djihadiste leur cheval de bataille. Depuis, ils ont rompu les liens avec la France, en se rapprochant de la Russie. « La Cédéao a été vraiment passive sur cette question-là et n’a pas eu vraiment de répondant en ce qui concerne le terrorisme et l’insécurité qui sévissait dans le Sahel », pense l’analyste.

 

Malgré les sanctions imposées par la Cédéao, fortement ressenties par les populations et la menace d’une intervention militaire contre le régime du général Tiani avant d’adoucir le ton. En décembre dernier, les dirigeants ouest-africains avaient même exprimé une ouverture au dialogue. Les autorités de transition des trois pays ont choisi de ne pas saisir cette main tendue.

 

Le retrait ne sera pas effectif, immédiatement, comme il a été dit plutôt, précise l’internationaliste Christian Bule. « C’est un processus qui va se faire, ça va prendre plus qu’une année selon le règlement de l’organisation. L’organisation est Supra, au-dessus des États, bien que chaque Etat soit souverain », renchérit-il.

Lire aussi :  Burkina Faso : attaque djihadiste contre un convoi de civils à Tawori

 

Si certains inquiètent de ce retrait, d’autres reprochent à la Cédéao d’être à la solde des puissances étrangères. Mais, ce retrait signifie-t-il une éventuelle sortie du franc CFA ? Déjà dans une interview télévisée, le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte au Burkina Faso, n’a pas exclu cette possibilité.

 

« Si cela leur semble utile, ils le peuvent quand ils le voudront. Et surtout, si leurs intérêts respectifs continuent d’être menacés par les États ouest africains. A l’allure où le bouleversement géopolitique est fait à leur guise et que les événements s’accélèrent de manière impromptue, leur sortie du franc Cfa. Même si on ne saurait pas l’imaginer, mais on peut tout de même le prédire », dit Christian Bule.

 

Ben Tshokuta

Les plus lus

Que ce soit William, Weston, W, We We We, Winner, Windows, Wifi, Winston ou même Wiki...

Nous, on s’en fout. La guerre, c’est la guerre, et nous sommes en guerre ! Un point, c’est tout. Alors, au lieu que nos...

Est de la RDC : Vital Kamerhe appelle à la mobilisation générale face à «un complot de...

En RDC, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a lancé un appel à la mobilisation après la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est...

Confiscation de terre en Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa répond à Donald Trump

Alors que le président des États-Unis Donald Trump a accusé l'Afrique du Sud de confisquer des terres et de maltraiter « certaines catégories de...

Indaba Mining 2025 : «tout mettre en œuvre pour rendre le secteur minier congolais compétitif» (Jean Bamanisa)

  Les mines de la RDC. Il en est question au Forum Indaba Mining à Cape Town en Afrique du Sud, où plusieurs acteurs et...

RDC : après Félix Tshisekedi, la Cenco et l’Ecc rencontrent Martin Fayulu

Mardi 4 février, la délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et de l’Eglise du Christ au Congo (Ecc) a rencontré l’opposant...

Sur le même thème

RDC : Eberande Kolongele, nouveau Monsieur sécurité du président Tshisekedi

En RDC, le professeur Désiré Cashmir Eberande Kolongele a été nommé conseiller spécial du président Tshisekedi en matière de sécurité, selon une série d’ordonnances...

En RDC, la Cenco et l’Ecc à la manœuvre pour un dialogue inclusif ?

Dans un contexte sécuritaire tendu et marqué par la percée de rebelles du M23, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l’Eglise du...

Ouganda : neuf hauts fonctionnaires du ministère des Finances arrêtés pour détournement

En Ouganda, neuf hauts fonctionnaires du ministère des Finances ont été arrêtés par la police pour détournement de 16 millions Usd de remboursement des...

Tchad : le président Mahamat Déby reconduit Allamaye Halina

Au Tchad, le Premier ministre tchadien Allamaye Halina est reconduit à son poste après sa démission le jour de l'installation des députés de l'Assemblée...

Est de la RDC : Vital Kamerhe appelle à la mobilisation générale face à «un complot de...

En RDC, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a lancé un appel à la mobilisation après la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est...