Ce mercredi 11 septembre, le trafic aérien était perturbé à l’aéroport international de Nairobi par une grève des personnels contre le projet du gouvernement kényan de confier au groupe indien Adani l’agrandissement du site en échange d’un droit d’exploitation de 30 ans.
L’activité s’est ralentie dès minuit, heure de début de ce mouvement lancé par le Syndicat des personnels de l’aviation du Kenya (KAWU), et d’interminables dossiers de voyageurs en attente se sont formés à l’aéroport Jomo Kenyatta. (JKIA), l’un des principaux hubs du trafic aérien en Afrique de l’Est.
De nombreux retards et annulations ont été enregistrés dans la matinée, mais l’Autorité de l’aviation civile (KCAA) a assuré dans l’après-midi que les services de navigation aérienne étaient « pleinement opérationnels et n’étaient pas affectés » par cette grève « illégale ».
« Les opérations aériennes – décollages et atterrissages – sont gérées sans retard et des efforts sont en cours pour rattraper rapidement tout retard », a ajouté la KCAA dans un communiqué. Le site flightaradar.com montre un trafic moins perturbé pour la fin de la journée.
Le KAWU assure que son mouvement durera tant que le gouvernement ne mettra pas fin aux négociations avec Adani en vue de confier au groupe indien l’agrandissement et la modernisation de l’aéroport, pour un investissement prévu de 1,85 milliard de dollars (1 ,7 milliards d’euros), en échange d’un droit d’exploitation pour les 30 prochaines années.
Selon le syndicat, l’aéroport est louable – les taxes sur le fret et les passagers du JKIA perçues par l’Etat kenyan représentent plus de 5% du PIB – et ce projet menace les emplois et n’apportera aucun bénéfice aux contribuables kenyans.
«Actif stratégique»
« Aucun accord n’a été conclu et tous les aspects sont ouverts à négociation », a assuré le porte-parole adjoint du gouvernement, Gabriel Muthuma, sur X. « Cette proposition fait l’objet d’une procédure rigoureuse, prévoyant la participation des parties, l’approbation du Trésor et du gouvernement », a-t-il ajouté.
Saisi par la principale association professionnelle d’avocats (LSK) et l’ONG Commission kenyane des droits de l’homme (KHRC) qui jugent le projet « irrationnel », un tribunal de Nairobi a ordonné lundi sa suspension, en attendant un jugement sur le fond.
Confronté à une importante dette publique, le gouvernement kényan défend ce projet destiné à rénover l’un des hubs aéroportuaires les plus fréquents du continent mais régulièrement touchés par des dysfonctionnements (pannes, fuites…).
« JKIA est un actif national stratégique et n’est pas à vendre. Le gouvernement considère un partenariat public-privé comme l’option de financement la plus viable pour la remise à niveau des infrastructures », a insisté Gabriel Muthuma.
Le deuxième projet prévoit notamment la construction d’une piste et la modernisation du terminal passagers. Selon l’Autorité aéroportuaire (KAA), 8,8 millions de passagers et 380.000 tonnes de fret ont transité par JKIA en 2022-23.
Le tourisme est un pilier important de l’économie kenyane, représentant plus de 10% du PIB en 2022, selon des données officielles.
AFP/Sahutiafrica