« L’intérêt de mon combat est que la justice doit être rendue au peuple congolais. Il faudrait que la justice tant nationale qu’internationale se saisisse de cette affaire », a déclaré Jean-Jacques Lumumba, militant congolais anticorruption et lanceur d’alerte, dans un entretien exclusif à Sahutiafrica. Il affirme recevoir des menaces de mort jusqu’aujourd’hui. Jean-Jacques Lumumba, petit-fils de Patrice-Emery Lumumba, ancien premier ministre congolais, confie qu’il a transformé « son combat en militantisme pour dénoncer des faits de corruption » observé dans la BgfiBank à Kinshasa.
Dans son combat, Jean-Jacques Lumumba déplore l’absence d’une loi protégeant les lanceurs d’alerte en RDC. Cela rend difficile le travail des lanceurs d’alerte en RDC et ils ont donc peur pour leurs vies. Lui et d’autres de sa famille subissent encore des menaces.
« Mon frère et ma sœur qui vivent en exil ont été poursuivis. Mais également menacés par les services de sécurité de l’époque. Parce que j’ai voulu rester correct. J’ai été l’objet des poursuites et des menaces de mort pour faire taire la vérité », a confié Jean-Jacques Lumumba.
Le lanceur d’alerte a eu le déclic de mener ce combat après avoir constaté des faits répréhensibles de la Banque gabonaise et française internationale (BgfiBank) en RDC. « J’ai fait un rapport à ma hiérarchie à Kinshasa. Mais des actions judiciaires ont été ouvertes contre moi. Mon directeur général m’a personnellement menacé de mort. C’est ce qui m’a poussé à quitter le pays. Et j’ai commencé à mener ce combat », a expliqué Jean-Jacques Lumumba.
« Alors que je pensais que l’affaire allait se régler avec la banque pour trouver une solution à la recherche de la vérité. Des menaces se sont intensifiées même en dehors du pays », a-t-il indiqué.
Dans sa fuite, le lanceur d’alerte a pu récupérer plusieurs documents de sa banque et les a confié au consortium des journalistes étrangers.
En novembre dernier, ce consortium des médias étrangers et des lanceurs d’alerte a publié les documents d’une enquête dénommée Congo Hold-up. Cette enquête révèle comment la Banque gabonaise et française internationale (BgfiBank) aurait été utilisée par quelques proches de l’ancien président Joseph Kabila pour détourner de centaines de millions de dollars de fonds publics.
Pourquoi ne l’avoir pas confié aux médias congolais? Jean-Jacques Lumumba estime que cela aurait été difficile pour les médias congolais de travailler sur une aussi importante masse de données. « Le consortium des médias étrangers a vérifié l’authenticité des documents que je leur avais fourni. Mais, ils ont aussi cherché d’autres documents pour attester la véracité des informations que je leur avais donné. Cela nécessite beaucoup de moyens que les médias congolais n’ont pas », affirme Jean-Jacques Lumumba.
Ali Maliki/ Alimasi Kambale