« Soyez-en rassurés, nous n’avons pas la guerre en RDC. Nous voyons la guerre à la télévision. Donc, c’est une situation à plus de 2.000 kilomètres des institutions », a déclaré Jules Alingete, chef de service de l’Inspection générale des finances (IGF) devant un parterre d’investisseurs à Houston aux USA. Cette déclaration a suscité beaucoup de réactions auprès d la population congolaise.
Debout devant le portail d’un immeuble dans la commune de la Gombe, à Kinshasa, capitale congolaise. Etienne, visage ridé proche de la quarantaine, est sentinelle. Pour lui, « Jules Alingete a manqué une occasion de se taire ». Il est originaire de Beni, une région de l’Est du pays en proie au conflit. Il estime que le patron de l’Igf ne devrait pas ainsi s’exprimer, « même devant les soi-disant investisseurs ».
« En tant que chef d’une agence de l’Etat, il ne devrait pas dire ça. Il a craché sur la mémoire de toutes les victimes qui tombent par milliers depuis maintenant plus de 20 ans. Il doit être sanctionné », dit-il.
Pierre Kabongu, souligne que « le patron de l’Igf a parlé comme un économiste à la recherche des probables profits ».
« À entendre les propos de Jules Alingete, on a l’impression que nos autorités se contredisent. Il y a quelques jours, nous avons vu le chef de l’Etat convier à la négociation les rebelles et chefs de guerre qui imposent leur loi dans la partie Est de notre pays. Je ne sais pas si pour lui la RDC se limite à Kinshasa et Lubumbashi, car tous les jours, nos frères meurent dans le conflit qui sévit à l’est », ajoute-t-il.
Par contre, MK, chauffeur de taxi, chevelure crépue et d’une voix rocailleuse, pense que Jules Alingete n’a rien dit de choquant dans ses propos. « Il faut comprendre le contexte, nous devons laver l’image de notre pays à l’extérieur, montrer qu’il y a des choses positives au Congo pour que les étrangers viennent investir. Ça va d’ailleurs profiter à tous. C’est une façon pour lui de rassurer les gens à l’extérieur du pays. Nos frères de l’Est doivent le comprendre », insiste-t-il.
De son côté, l’Inspection général des finances dénonce l’exploitation malencontreuse de propos de Jules Alingete par des personnes instrumentalisées.
« L’IGF regrette l’exploitation malencontreuse de propos de Jules Alingete par certaines personnes instrumentalisées par les prédateurs qui agissent dans l’ombre, espérant toujours un jour, mettre fin à la traque dont ils sont victimes et affirme qu’il a toujours, comme tout Congolais, compati à la douleur de nos frères et sœurs de la partie Est de notre pays, victimes de la barbarie terroriste des groupes armés, dont le gouvernement et les forces loyalistes ne ménagent aucun effort pour l’éradiquer », a noté le communiqué.
Dinho Kazadi