Avec Dakar et Ziguinchor, l’opposition a remporté de bastions électoraux importantes lors des élections municipales du dimanche 23 janvier. Juste après le scrutin, Bennoo Bokk Yaakaar, coalition au pouvoir, a, dans un communiqué reconnu sa défaite dans les deux villes. Si l’opposition a conquis de villes importantes, le camp présidentiel a tout de même gagné dans la majorité de communes et de conseils départementaux à l’échelle nationale.
Pour Ousseynou Nar Gueye, éditorialiste sénégalais et fondateur du site Sentract, « l’opposition est parvenue à faire de ce scrutin local, un scrutin national ». « Surtout avec la participation comme têtes de listes se présentant dans leurs localités d’origines les grands ténors de l’opposition à l’instar d’Ousmane Sonko à Ziguinchor », a dit à Sahutiafrica l’éditorialiste, qui affirme que « ces résultats règlent la question du troisième mandat du président Macky Sall ».
Pour lui, « le président sénégalais, qui refuse de se prononcer sur son avenir alors que la majorité de Sénégalais veulent savoir si le chef de l’État va briguer un troisième mandat, ne doit en aucun cas pouvoir mettre cette option sur la table ». Durant ces municipales, les listes de l’opposition étaient dirigées à Dakar par Barthélemy Dias, proche de l’ancien maire Khalifa Sall et à Ziguinchor, plus grande ville de Casamance (sud) par Ousmane Sonko, pressenti comme un des principaux concurrents à l’élection présidentielle de 2024 et figure centrale des manifestations de mars 2021 qui ont secoué le Sénégal.
« En tant qu’observateur, lorsque j’ai vu beaucoup de jeunes faire la queue pour s’inscrire sur les listes électorales, j’ai conclu que ceux qui allaient voter pour la première fois n’allaient pas voter pour le pouvoir à Dakar », a dit Ousseynou Nar Gueye. Il ajoute que « les bureaux de vote sont restés ouverts jusqu’après l’heure normale de fermeture de bureaux de vote : 18 heures ».
« Je pense que ces deux aspects : l’inscription massive de jeunes sur les listes électorales et la fermeture tardive de bureau de vote. Laissaient déjà à penser que la majorité présidentielle allait perdre à Dakar », a conclu l’éditorialiste.
Dimanche, plus de six millions de Sénégalais, sur une population de 17 millions, étaient appelés à départager 3.200 listes dans plus de 500 mairies et plus de 40 départements. Ce scrutin est un test pour le pouvoir et l’opposition à cinq mois des élections législatives. Selon l’éditorialiste Ousseynou Nar Gueye, les législations de juin 2022 seront très déterminantes.
Trésor Mutombo