Est de la RDC : l’UE sanctionne des chefs militaires rwandais, rupture des relations diplomatiques Rwanda-Belgique

Lundi 17 mars, l’Union européenne a imposé des sanctions contre des chefs militaires rwandais et un responsable du secteur minier, en réponse à l’offensive du groupe armé M23 soutenu par le Rwanda dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

 

Kigali a presque simultanément annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant l’ex-puissance coloniale d’avoir « pris parti » pour Kinshasa « bien avant et pendant le conflit en cours » en RDC.

 

La Belgique, ancienne puissance coloniale à la fois de la RDC (ex-Zaïre) et du Rwanda, a été l’un des pays les plus critiques de Kigali depuis que le mouvement anti-gouvernemental M23, soutenu par Kigali, a lancé en décembre une offensive éclair dans l’est de la RDC, qui l’a vu notamment s’emparer de Goma, capitale du Nord-Kivu, et de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.

 

L’UE, pressée notamment par la Belgique, a adopté lundi des sanctions contre des personnalités rwandaises, à la veille de discussions mardi entre la RDC et le M23 à Luanda, l’Union africaine ayant désigné le président angolais Joao Lourenço médiateur du conflit.

 

Ces sanctions autorisent l’interdiction de se rendre dans l’UE ainsi qu’un gel des avoirs dans l’Union pour neuf personnes en raison de la présence « non autorisée » de forces rwandaises en RDC qui « constituent une violation de l’intégrité coloniale » congolaise et « entretient le conflit armé ».

 

Elles visent notamment trois hauts gradés de l’armée rwandaise – Ruki Karusisi, Eugène Nkubito et Pascal Muhizi – et le directeur général de l’Office rwandais des mines, du pétrole et du gaz (RMB), Francis Kamanzi. Quatre cadres congolais du M23, dont son chef Bertrand Bisimwa, sont également visés.

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De son côté, le Rwanda a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, une nouvelle étape dans la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays.

 

« Le gouvernement du Rwanda a notifié aujourd’hui le gouvernement de Belgique de sa décision de rompre les relations diplomatiques, avec effet immédiat », a déclaré le ministère rwandais des Affaires étrangères dans un communiqué.

 

Kigali, qui avait déjà annoncé en février la suspension des programmes d’aide au développement belges sur son sol, a expliqué avoir pris cette décision en réaction aux « tentatives pitoyables » de Bruxelles de « maintenir ses illusions néocoloniales ».

 

La Belgique avait notamment demandé fin janvier à l’Union européenne d’envisager des sanctions contre le Rwanda, accusé de violer la souveraineté de la RDC.

 

«Petit pays»

 

Le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a annoncé sur X la « fermeture immédiate » de l’ambassade à Bruxelles et le rappel à Kigali de tous les diplomates rwandais qui y travaillaient « dans les 48 heures ».

 

Le gouvernement belge a « regretté » et jugé « disproportionnée » la décision rwandaise de rupture des relations diplomatiques, et va à son tour déclarer persona non grata les diplomates rwandais en poste sur son sol, a indiqué son chef de la diplomatie, Maxime Prévot.

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« Cette décision (…) illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer », a-t-il ajouté sur X.

 

« Aujourd’hui, la Belgique a clairement pris parti dans un conflit régional et continue à se mobiliser exclusivement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations pour créer une opinion hostile injustifiée à l’égard du Rwanda, dans le but de déstabiliser le pays et la région », a accusé Kigali.

 

Dimanche, le président rwandais Paul Kagame avait déjà lors d’un événement public tiré à boulets rouges sur la Belgique, pays qui selon lui « nous a tués tout au long de l’histoire et revient sans cesser nous tuer davantage ». La Belgique est accusée d’avoir favorisé la division ethnique au Rwanda, à propos du génocide des tutsi en 1994.

 

« L’un des plus gros problèmes auxquels nous avons été confrontés est notre colonisation par un petit pays comme la Belgique, qui a découpé notre pays pour qu’il soit aussi petit qu’elle », avait encore dénoncé M. Kagame.

 

Soutenu par quelque 4.000 militaires rwandais, selon des experts de l’ONU, le M23 (« Mouvement du 23 mars »), qui ont dit défendre les intérêts des populations tutsi de l’est de la RDC, en représailles les armes fin 2021. Le groupe armé contrôle désormais de vastes pans de territoires à l’est de la RDC, une région riche en ressources minières.

 

AFP/Sahutiafrica

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