En Guinée, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) dénonce un « enlèvement » après l’arrestation d’Oumar Sylla, connu sous le nom de Foniké Menguè, et de Mamadou Billo Bah.
« Dans un premier temps, lorsqu’ils ont été enlevés. Puis, amenés à l’escadron numéro 2 avant d’être transférés au sans-carbure de la présidence. Là-bas, il y a une petite porte, c’est là où ils ont été amenés avant d’être retenus pendant quelque temps dans le haut commandement de la gendarmerie », a confié Abdoulaye Oumo Sow, porte-parole du FNDC, à Sahutiafrica.
D’après lui, Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah ont été envoyés sur l’île de Kassa. « Ils ont traversé avec les chiens dans le même bateau », a-t-il dit. « Nous apprenons qu’ils sont sous torture. L’un d’entre eux est dans un état actuellement très critiqué », a ajouté M. Oumo Sow.
Il accuse l’administration du général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, de réprimer toutes les voix dissidentes, mais aussi d’avoir fermé des médias et interdit des manifestations.
Foniké Menguè, coordinateur national du FNDC, a été arrêté à plusieurs reprises sous Alpha Condé et Mamadi Doumbouya. Il a passé plusieurs mois en prison. Mamadou Billo Bah, lui, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC, a été détenu près de quatre mois en 2023.
Leur arrestation est la dernière en date d’une longue série en cours depuis que M. Doumbouya a pris le pouvoir à la faveur d’un putsch contre le président Alpha Condé, en septembre 2021. Selon l’opposition, des manifestations pour la libération des deux hommes, d’un troisième responsable du FNDC et de tous les prisonniers considérés comme politiques ont causé la mort de sept personnes.
L’arrestation d’Oumar Sylla et de Mamadou Billo Bah a provoqué un concert de protestations et des inquiétudes pour leur intégrité physique. Brutalisés et conduits à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie, leur arrestation est intervenue quelques jours après l’annonce de la mobilisation citoyenne pour le rétablissement des fréquences des médias retirées, contre la détérioration des conditions de vie des Guinéens avec les coupures d’électricité.
Créé en 2019, le FNDC s’était opposé à un troisième mandat du président Alpha Condé (renversé en 2021). Depuis, cette structure a continué à opérer sous la junte. Il s’agit de l’une des dernières voix de l’intérieur à contester le pouvoir. Il tente de mobiliser pour un retour des civils à la tête de ce pays.
Josaphat Mayi