« Tramontina », c’est le nom d’un célèbre type de machette vendue à Kinshasa. Aujourd’hui, il désigne le phénomène du morcellement des parcelles. Un phénomène observé depuis près de vingt ans. En quoi consiste-t-il?
Une parcelle de 20m sur 20 peut être divisée par 3 ou quatre en plein ville de Kinshasa, dans les différents quartiers. A Bandal ou à Yolo, une parcelle peut être morcelée en deux, vu l’étroitesse des logements.
En cause : la surpopulation. Kinshasa a une forte densité de population. Les données fiables ne sont pas disponibles auprès du service de recensement et du cadastre depuis la faillite de l’Etat.
Les premiers morcellements commencent vers 1990. C’était à l’époque des Bana Lunda, ces creuseurs artisanaux de diamants dans les territoires angolais alors contrôlés par Jonas Savimbi. Ils ont acheté à tour de bras des bouts de parcelles pour s’y installer. D’autres commerçants de diamants vont faire pareil.
Il y avait aussi ces familles qui vendaient des parcelles pour envoyer leurs enfants « se débrouiller » en Europe. Des héritiers en conflit préféraient vendre les parcelles familiales pour se partager l’argent de l’héritage.
Puis, il y a eu la guerre de l’Afdl suivi de « l’argent politique » des dignitaires des régimes qui ont suivi. Les « nouveaux riches » membres des gouvernements successifs et des accords politiques devaient aussi s’installer à Kinshasa. Ils achètent aussi des bouts de terrain dans Kinshasa la belle.
Pénurie d’eau et d’électricité
Sans prévision, sans statistiques, l’Etat court après les réalités. La vétusté des tuyaux pour l’eau et des câbles pour l’électricité, combinée à des constructions anarchiques issues du dérèglement foncier sont remarquables.
Sahuti Africa a rencontré Mademoiselle Kabasele Méta, propriétaire d’une surface de 8m sur 8m au quartier Makelele à Bandaungwa. Commune urbaine inaugurée le 8/12/1955 : » Depuis que j’ai acheté ce morceau… L’eau ne coule pas. J’entre chez moi par le tunnel. Ce qui est en fait, une sortie de secours. La personne qui m’a vendu cette partie n’a pas voulu me céder une servitude donnant sur la rue… »
Qu’en est-il de la fourniture en eau et en électricité ? « J’éprouve des difficultés. Le tuyau de la Regideso passe par l’avenue. Chaque parcelle donnant sur l’avenue est raccordée au tuyau public… Moi je loge derrière, je suis obligée d’acheter toute seule les équipements … La Regideso, dit ne pas reconnaître ce genre de logement. Et pourtant c’est bien une nouvelle réalité à Kinshasa… J’ai tout de même pu m’abonner lors de la campagne de raccordements sociaux subventionnés par la Banque mondiale. … L’eau n’a coulé chez moi que durant 1 mois. Pourtant, j’ai dûment payé à la banque et j’ai été enregistrée. J’ai même un compteur », poursuit la propriétaire. Et elle n’est pas seule dans cette situation. La REGIDESO n’est-elle peut-être pas au courant de la situation de cette catégorie d’abonnés ?
« Ooh si, elle est au courant. Mais ça fait deux mois que leurs techniciens disent qu’ils ne trouvent pas les tuyaux où coule de l’eau… », précise Kabasele Méta.
Êtes-vous abonnée à la société nationale d’électricité ? Non, répond-elle. Est-il possible qu’il y ait manque de contrôle de la part de la Snel ? « La Snel veux que j’achète tout toute seule. Et que je paye des frais légaux de 69 dollars. Mais pourquoi dois-je acheter seule les équipements de raccordement ? Pour le moment, certains agents de la Snel me desservent en électricité frauduleusement moyennant quelque chose à la fin du mois ».
Les nouvelles maisons issues du morcellement ne sont pas prises en compte dans la nouvelle configuration de la ville de Kinshasa. Alors que le nombre d’habitants augmentent les capacités de fourniture en eau et en électricité n’ont pas suivi.
Hana Kele