Dimanche 20 novembre, les Equato-guinéens ont voté le président, les députés ainsi que les sénateurs. Les résultats de ce scrutin sont attendus ce lundi dans la journée.
Au pouvoir depuis 43 ans, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo brigue un sixième mandat. Il fait face à deux challengers. Le président Obiang Nguema a toujours été élu avec plus de 93% des voix et son tout puissant Parti Démocratique de Guinée Equatoriale (PDGE) détient 99 des 100 sièges dans l’Assemblée nationale sortante et les 55 du Sénat, qui doit également être renouvelé lors de ce scrutin regroupant aussi les municipales.
Au bureau de vote de l’école primaire Nuestra Señora de Bisila, dans le quartier populaire de Semu, des dizaines d’électeurs ont attendu des heures de pouvoir déposer dans les urnes des bulletins couverts de noms sur des listes remplissant des feuilles A4, en plein air dans une cour sous un ciel orageux.
99 députés sur 10
Pour briguer un nouveau septennat, Teodoro Obiang faisait face à deux candidats: Andrès Esono Ondo, pour la Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS), seul parti d’opposition qui ne soit pas interdit, et Buenaventura Monsuy Asumu du Parti de la Coalition Sociale démocrate (PCSD), micro-mouvement jusqu’alors allié au PDGE aux législatives.
Le chef de l’Etat a pris le pouvoir par un coup d’Etat en 1979 dans ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale indépendant de l’Espagne depuis 1968. Son régime est régulièrement accusé par les ONG internationales et des capitales occidentales de réprimer toute opposition et de bafouer les droits humains, et blâmé pour une corruption endémique. La capitale avait été placée sous haute sécurité dimanche. La vente d’alcool était prohibée depuis samedi et la circulation interdite dimanche hormis celle des véhicules des personnes dûment accréditées.
Obiang est arrivé à la mi-journée dans un bureau de vote du quartier Carretero du centre-ville. Comme d’ordinaire, plusieurs rideaux de sécurité entouraient son véhicule: des militaires armés jusqu’aux dents aux gardes du corps en costume, israéliens et équatoguinéens de son clan, pour la protection la plus rapprochée.
Un total de 427.661 Equatoguinéens sur 1,4 million d’habitants étaient convoqués aux urnes, les bureaux ont fermé en soirée et le décompte a commencé, rapporte un journaliste de l’AFP dans la capitale. Les résultats de ces scrutins à un tour ne sont pas attendus avant lundi au mieux pour la présidentielle, sans doute plus tard pour les autres. « Nous votons pour que les choses se passent normalement parce que nous jouissons de la paix, parce que, ici, en Afrique centrale, le seul pays où les jeunes profitent, c’est la Guinée équatoriale », explique à l’AFP José Serafin Obiang Sima, un infirmier âgé d’une trentaine d’années.
Depuis plusieurs semaines, les couleurs du PDGE recouvraient les rues de Malabo, les espaces réservés aux autres partis que celui du président et, ses quatorze petits satellites pour les législatives et municipales, étaient réduits à la portion congrue.
Les médias audiovisuels de l’Etat ou les rares autres autorisés, sous son contrôle, ont passé en boucle les meetings du PDGE et les portraits de M. Obiang, ignorant quasiment les deux autres candidats. M. Esono Ondo avait dénoncé par avance des « fraudes massives » d’une « dictature », ajoutant : « Le gouvernement gouverne seulement pour la famille Obiang ».
«Complot»
Deux mois avant le scrutin, l’hypothèse de voir l’un des fils du président, le tout-puissant et redouté Vice-Président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, lui succéder comme candidat du PDGE avait pris de l’épaisseur en raison de son omniprésence sur la scène politique depuis deux ans.
Mais le vice-président équato-guinéen a sans doute pâti de son image de jet-setteur invétéré publiquement assumée, de sa condamnation en France pour « des biens mal acquis » et des accusations de corruption au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, avaient indiqué anonymement des cadres du PDGE lors de son dernier congrès fin 2021.
Depuis plusieurs semaines, comme avant chaque scrutin, les forces de l’ordre menaient une impitoyable campagne d’arrestations d’opposants. Au motif cette fois, selon le régime, qu’elles ont déjoué un « complot » de l’opposition prévoyant des « attentats » à Malabo et Bata, capitale économique. Fin octobre, Malabo avait fermé ses frontières « pour éviter l’infiltration de groupes qui peuvent tenter de déstabiliser la campagne ». Et ordonné quelques semaines plus tôt à des milliers de travailleurs « sans-papiers » de regagner leur pays d’origine.
AFP/Sahutiafrica