Au Kenya, des centaines de personnes ont de nouveau manifesté contre le gouvernement mardi 23 juillet, malgré l’interdiction des autorités.
Dans le centre d’affaires de Nairobi, épicentre des précédents rassemblements, des magasins sont restés fermés, alors que certains manifestants s’étaient mobilisés pour marcher vers l’aéroport international Jomo Kenyatta (JKIA), l’un des plus fréquentés d’Afrique.
Des policiers lourdement armés ont été déployés sur les routes menant à l’aéroport, l’armée prenant position dans le quartier densément peuple jouxtant JKIA, Embakasi, tandis que les autorités de l’aviation demandaient aux passagers d’arriver des heures avant leur vol pour passer les contrôles de sécurité accrus.
« Il ne fait aucun doute que les manifestations actuelles sont devenues un refuge pour des délinquants motivés et opportunistes qui pillent et détruisent des biens », a dénoncé le chef de la police par intérim Douglas Kanja, devant des journalistes. « Nous répétons que toute personne qui enfreint la loi sera punie rapidement et fermement », a-t-il poursuivi.
Au moins cinq manifestants ont été arrêtés à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport, a indiqué à l’AFP une source policière, selon laquelle « les policiers ont fait preuve de beaucoup de retenue aujourd’hui (mardi) ».
Dans la ville côtière de Mombasa, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des dizaines de manifestants rassemblés dans le centre-ville, selon des images diffusées par les médias locaux.
Projet de loi contesté
La télévision a également diffusé des images de personnes allumant des feux à Migori (ouest) et Karatina (centre). Le Kenya est touché depuis le 18 juin par des manifestations menées à l’origine par les jeunes de la « Génération Z » (nés après 1997), ulcérés par un projet de budget prévoyant des augmentations de taxes sur des produits du quotidien, finalement retiré par le président Ruto devant l’ampleur de la mobilisation.
La chambre basse du Parlement reprenait mardi le débat sur ce projet de loi de finances, pour se prononcer sur son abandon. L’enceinte du Parlement a été l’épicentre de nombreuses manifestations qui ont parfois tourné au chaos.
Le 25 juin, des manifestants qui avaient pris d’assaut le Parlement ont ainsi essuyé des tirs à balles réelles de la police. Selon une organisation officielle de défense des droits humains, au moins 50 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement le 18 juin.
Pris de court par l’ampleur de la contestation, le président William Ruto, arrivé au pouvoir en 2022, a pris une série de mesures comme le retrait du projet de budget et le limogeage de la quasi-totalité de son gouvernement.
Le président a annoncé vendredi la composition d’un gouvernement partiel comprenant 11 membres, dont une majorité étaient déjà présents dans la précédente équipe, à la grande exaspération des manifestants. Le chef de l’Etat a déclaré poursuivre des consultations en vue de la constitution d’un « gouvernement à base élargie ».
AFP/Sahutiafrica