Mahamadou Issoufou, ancien chef de l’Etat nigérien, est-il impliqué dans le putsch contre Mohamed Bazoum, son successeur ? « C’est bien lui le commanditaire du putsch. L’idée a mûri dans la tête d’une seule personne, Mahamadou Issoufou », a lâché Hinda Bazoum, fille du président déchu, à RFI.
Pour elle, son père était sûrement devenu trop gênant pour le clan de l’ancien président. Elle affirme que M. Issoufou a trahi le président Bazoum, ses amis de lutte et tout un peuple. « Il n’a jamais condamné le putsch. Pire, il s’affiche même aux côtés des putschistes », dit Hinda Bazoum, faisant à l’allusion au général Abdourahamane Tiani, chef de la junte.
« C’est comme un cauchemar pour nous », a déclaré Hinda Bazoum, qui a décidé de briser son silence et appelle à la libération de Mohamed Bazoum et de son épouse.
Pourtant, Mahamadou Issoufou a même déposé une plainte contre Sylvain Itté, ancien ambassadeur de la France à Niamey, autour de ce sujet. En fait, l’ancien président a accusé le diplomate français, qui avait dénoncé son implication directe dans le putsch du 26 juillet devant les députés français, de « diffamation ». L’ancien chef de l’Etat et ses partisans soupçonnent le diplomate d’avoir « un agenda caché et de vouloir nuire à sa réputation ».
L’avocat de Mahamadou Issoufou a formellement démenti ces accusations, les qualifiant de « tissu de calomnie ». Mais, le flou reste tout de même maintenu, surtout, lorsque cette question est évoquée.
« Il était l’ami de notre père, mais n’a fourni aucun effort pour lui. Il n’a jamais cherché à le rencontrer ni à exiger sa libération. Il n’a jamais cherché à rentrer en contact avec nous, les enfants. Chose plus curieuse encore, lorsque la communauté internationale souhaitait exiger un retour à l’ordre constitutionnel, au lieu d’abonder dans le même sens, il a plutôt plaidé pour une courte transition, une nouvelle Constitution et de nouvelles élections, sûrement pour pouvoir revenir au pouvoir », relate Hinda Bazoum.
Depuis le putsch du 26 juillet dernier, le président Bazoum est en détention. Son éviction a poussé la Cédéao à imposer des sanctions au Niger, jusqu’à brandir la menace d’une intervention militaire pour rétablir le président déchu. Mais, l’organisation ouest-africaine a fini par faire marche-arrière et adoucit le ton. Entre-temps, Mohamed Bazoum, lui, n’a toujours pas démissionné et est toujours détenu. Il est inculpé pour « haute trahison » et « atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du Niger ».
« La dernière cartouche d’Issoufou serait de lever l’immunité de mon père pour le faire condamner, de sorte à le rendre inéligible pour laisser le champ libre à Issoufou de cette manière. Et ils ont créé de toutes pièces une nouvelle Cour d’État qui se substitue aux tribunaux de la Constitution, à la tête de laquelle est nommé un proche d’Issoufou », a glissé Hinda Bazoum.
La Rédaction