Présidentielle au Nigeria: Bola Tinubu, candidat désigné du parti au pouvoir

Ce mercredi 8 juin, le très influent ex-gouverneur de Lagos Bola Tinubu a remporté la primaire du parti au pouvoir au Nigeria pour la présidentielle de 2023, où il affrontera un autre vétéran de la politique nigériane, Atiku Abubakar, candidat du principal parti d’opposition. 

« Je déclare Bola Ahmed Tinubu comme le candidat présidentiel de notre parti aux prochaines élections de 2023 », a déclaré Atiku Bagudu, responsable de l’élection de la primaire du Congrès des progressistes (APC) organisée à Abuja, la capitale. 

Les électeurs du pays le plus peuplé d’Afrique doivent se rendre aux urnes le 25 février 2023, le président Muhammadu Buhari se retirant au terme de son second mandat, comme le prévoit la Constitution. 

La sécurité sera un enjeu majeur de ce scrutin, le pays étant meurtri quasi quotidiennement par des violences criminelles et djihadistes. Le massacre dimanche de 22 personnes dans une église du sud-ouest du pays, région pourtant quasi-épargnée par les violences, en est un cruel rappel. 

« Aucune force destructrice ne peut ramener le Nigeria en arrière », a assuré Bola Tinubu après sa victoire, saluant le travail des forces de sécurité et les appelant à « poursuivre le combat pour la survie de la nation ».

M. Tinubu a remporté 1.271 voix, selon le décompte des bulletins de quelque 2.300 délégués de l’APC dépouillés sur le lieu de la primaire à Abuja, la capitale.

L’écrasante majorité obtenue par M. Tinubu traduit son immense influence au Nigeria, où il reste très controversé. A l’annonce des résultats, des dizaines de ses partisans présents dans les gradins ont célébré sa victoire en dansant. 

Agé de 70 ans, ce richissime musulman faisait face à une vingtaine de candidats, dont le vice-président Yemi Osinbajo. 

Le faiseur de roi 

Ardent défenseur de la démocratie en exil pendant la dictature militaire des années 1990, M. Tinubu a ensuite gravi tous les échelons politiques au gré d’accusations de corruption, sans jamais être condamné. 

Ancien sénateur, puis gouverneur de Lagos, poumon économique Nigeria, le chef historique de l’APC est surnommé « le parrain » ou encore « le faiseur de roi » pour son influence. 

Fin stratège, il a toujours été perçu comme l’homme derrière toutes les nominations politiques dans son fief alors que le clientélisme reste omniprésent au Nigeria, jusqu’à se vanter d’avoir fait élire le président Buhari en 2015 et 2019. 

Le principal parti d’opposition au Nigeria, le Parti démocratique populaire (PDP), a déjà choisi son candidat. Il s’agit d’Atiku Abubakar, 75 ans, ancien vice-président et richissime homme d’affaires originaire du Nord, qui se présente pour la sixième fois en trois décennies à la présidence.

M. Tinubu et M. Abubakar s’affronteront donc, parmi d’autres, pour accéder à la tête d’un pays en proie à une insécurité généralisée, de l’insurrection jihadiste dans le Nord-Est aux bandes criminelles qui ravagent le Nord-Ouest et le centre, en passant par des mouvements séparatistes dans le Sud-Est.

Lire aussi :  Coup d'État au Niger :  Bola Tinubu cherche à rétablir l'ordre démocratique

Insécurité, crise économique 

La plus grande économie d’Afrique, affaiblie par la pandémie de coronavirus, subit désormais les retombées de la guerre en Ukraine, qui ont fait grimper les prix des carburants et des denrées alimentaires sur tout le continent. 

Cette crise économique risque de dégrader un peu plus les conditions de vie de ses 215 millions d’habitants, déjà éprouvés par une très forte inflation, des coupures d’électricité incessantes et un système sanitaire défaillant, entre autres difficultés. 

D’ici la fin de l’année, le nombre de pauvres devrait atteindre les 95,1 millions, selon des projections de la Banque mondiale. 

Les deux candidats septuagénaires devront également répondre aux aspirations d’une jeunesse majoritaire dans le pays (60% de la population à moins de 25 ans, selon le Banque mondiale), de plus en plus connectée et ayant soif de changement. 

En octobre 2020, le sud du pays avait connu un mouvement de contestation de la jeunesse historique, rapidement réprimé dans le sang par les autorités. 

L’unité de ce pays extrêmement divisé entre un nord, majoritairement musulman, et un sud, majoritairement chrétien, sera également au cœur de cette campagne politique. 

Atiku Abubakar et Bola Tinubu sont tous les deux musulmans, le premier est originaire du nord, et le second du sud-ouest. 

AFP/Sahutiafrica 

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