A l’aéroport international de N’djili à Kinshasa, dans la salle d’enregistrement, les passagers sont toujours dans une espèce de désordre qui ne dit pas son nom.
A l’entrée de la salle déjà, des contrôles se succèdent. Il faut se plier à ces exigences multiples : « billet d’avion, test Covid, pièces d’identité », lance un agent. Ils sont un peu plus de trois, debout, à faire la même chose.
Juste quelques pas à l’intérieur, un autre contrôle. « Papa, votre test Covid ? », lance un fonctionnaire en blouse blanche, alors qu’on vient à peine de remplir un formulaire à ce propos, quelques minutes avant.
Chacun essaie de trouver son gagne-pain. Un préposé sorti d’on ne sait où s’improvise pour vous aider à remplir les formalités. « Venez par ici. Suivez moi », lance le jeune homme.
La salle grouille de monde. Cacophonie assurée. Il faut parler à haute voix. Ainsi vont les formalités.

Le jeune préposé n’est le seul à vendre ses services, somme toute, informels. D’autres proposent un autre genre de contrepartie : « Mon vieux, je ne vais rien vous demander. Seulement, donnez-moi vos kilos en soute. C’est comme ça que je peux me retrouver », insiste l’agent.
Dans l’espace réservé pour l’enregistrement des passagers, il faut faire preuve de patience. Certains agents des compagnies viennent faire passer en premier des personnes dont ils facilitent le passage. Ils ont leur refrain : « Ils sont avec moi. Tu peux les prendre rapidement? » dit l’agent de la compagnie, facilement reconnaissable par le gilet fluo de son entreprise, à son collègue préposé au contrôle. La file d’attente? Il n’en a cure.
Après l’enregistrement, il faut payer la redevance aéroportuaire et le « go-pass ». Alors que les passagers attendent devant le guichet de la Rawbank, des agents, fauteurs de troubles, eux passent outre. « Personne ne respecte rien ici » s’emportent quelques passagers, excédés par ce désordre entretenus par les agents de l’ordre, de la RVA et moult autres personnes qui viennent de tous les côtés afin que « leurs passagers » soient servis en premier et d’urgence.
Visiblement dans ce Capharnaüm le respect de l’ordre semble un luxe hors d’atteinte. Une utopie.
J Matand’