Connu pour sa musique engagée et ses textes virulents, le rappeur congolais Bob Elvis a été brièvement interpellé à l’aéroport internationale de N’Diji à son retour à Kinshasa lundi 16 janvier.
Interpellation par l’Agence nationale de renseignements et d’autres services de contrôle à l’aéroport. Fouille, saisie de passeport et tentative d’extorsion de téléphone. L’artiste Bob Elvis semble avoir eu droit à un accueil particulier. Il ne mâche pas ses mots. Jusque-là, les raisons de son interpellation ne sont pas connues. « Je sais que c’est par rapport à mon engagement que tout ça arrive, mais je n’ai peur de rien. Je sais qui je suis, je sais ce que je fais. Je suis venu spécialement chercher ma carte d’électeur. C’est important que les gens le sachent parce que je suis un citoyen j’ai des devoirs et des obligations », confie le rappeur dans une vidéo.
En fait, l’artiste revenait d’une tournée de promotion de son dernier EP « L’Élu » en Europe. Dans « L’Élu », le rappeur Bob Elvis dénonce dans l’une de ses chansons les promesses non-tenues par le président Tshisekedi. Notamment celle de faire de la RDC, « l’Allemagne d’Afrique ». Il évoque aussi l’incompétence et les dérives de l’actuel pouvoir. « J’étais détenu, mais on m’a relâché. Ils ont dit que c’était pour des raisons d’enquête et que c’était une procédure normale », a déclaré Bob Elvis.
Il affirme avoir laissé passer, mais pas la prochaine fois. « Jusque-là, j’étais poli. J’ai toujours respecté les services. Mais que ça soit la dernière fois qu’on interpelle les gens pour rien, soi-disant que c’est normal. Je rentre dans mon pays. Je ne peux pas être traité comme un étranger. Je n’étais ni en fuite ou en exil. J’étais allé dans mes affaires et je suis de retour », précise-t-il.
Voix des sans voix comme il se présente, dans son récent titre Maloko, l’artiste Bob Elvis avait choisi de rappeler sous un ton parodique et railleur toutes les promesses non tenues faites par le président Félix Tshisekedi. Bob Elvis est l’un des artistes censurés en RDC. Si ses textes sont appréciés par le public, qui s’identifie et se retrouve dans les réalités qui y sont décrites, son engagement politique est peu apprécié dans le sérail du pouvoir. « Qu’ils censurent et qu’ils lèvent la censure, ça ne change rien », avait lâché Bob Elvis à Sahutiafrica.
Dinho Kazadi