Nommé à la tête du ministère de la Défense, Jean-Pierre Bemba, 60 ans, affiche sa détermination et son ambition de restaurer l’autorité de l’Etat en RDC, en proie à l’activisme d’une centaine de groupes armés dans sa partie orientale.
Lunettes aux fines montures, veste bleue marine, cravate bien nouée, Jean-Pierre Bemba paraît confiant. Surtout consciencieux. L’homme se sait attendu à la tête de ce poste. « La tâche est immense au regard des activités en chantier. Autant, elle est immense, autant notre humiliation en tant que nation à ce jour l’est également », a dit Jean-Pierre Bemba devant Gilbert Kabanda, son prédécesseur, un parterre d’officiers de l’armée congolaise et de journalistes.
Restaurer l’autorité de l’Etat
Il prend le ministère de la Défense dans un contexte marqué par la résurgence des rebelles du M23, qui ont gagné du terrain dans les territoires de Rutshuru et de Masisi.
« L’heure n’est pas au long discours, mais c’est plutôt l’appui de tous que je sollicite ici et maintenant, afin que tous ensemble, nous assurions l’intégrité territoriale de notre pays, restaurions l’autorité de l’État et essuyions cette humiliation », indique Jean-Pierre Bemba lors de la cérémonie de remise et reprise.
Ex-chef de guerre de l’Armée de libération du Congo (ALC), à l’époque branche armée du MLC, vice-président à la transition de 1+4, condamné à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à la CPI avant d’être acquitté… Jean-Pierre Bemba a, ces deux dernières décennies, navigué sur les eaux troubles.
Profil idéal ?
Pour plusieurs, c’est l’homme de la situation au regard de son passé agité. Ce qui suscite des attentes. L’est de la RDC est une région qu’il connait bien pour y avoir été l’un des seigneurs de guerre au début des années 2000. Peut-être, c’est pour cette raison que le président du Mouvement de la libération du Congo (MLC) est perçu comme l’homme de la situation.
Pour Christian Moleka, politologue congolais et coordinateur de la Dynamique de politologues de la RDC (Dypol), Jean-Pierre Bemba a « une connaissance des troupes et un agenda au niveau régional qui permettra de donner une certaine forme de clarté dans le commandement, mais aussi dans les opérations sur le terrain ».
L’analyste rappelle que « des commandants de provinces placées sous état de siège, (le général Constant Ndima, gouverneur militaire du Nord-Kivu, et Benjamin Alongaboni, vice-gouverneur de l’Ituri) sont venus du camp Jean-Pierre Bemba ». D’après lui, le président Tshisekedi l’avait certainement consulté au moment de la mise en place de l’état de siège.
« Jean-Pierre Bemba, c’est quelqu’un qui a des capacités en termes d’agenda et de connaissance d’hommes à pouvoir donner une petite contribution sur la question. Ensuite, au niveau régional, on sait qu’il est proche de l’Ouganda. Son entrée au gouvernement dénote un peu la volonté de Kinshasa de vouloir isoler le Rwanda de l’Ouganda », pense Christian Moleka.
Trésor Mutombo