La réalisation de la première greffe de la cornée en RDC. Le taux de réussite de l’intervention chirurgicale. Les défis techniques. Et l’absence d’un cadre légal sur la greffe des organes. Le Dr Dieudonné Ngoy, responsable du cabinet ophtalmologique Ariel, répond aux questions de Sahutiafrica.
Kinshasa. Dimanche 24 juillet. Le cabinet Ariel a gagné le pari de réaliser pour la toute première fois, en RDC, l’intervention chirurgicale de greffe de la cornée, membrane de l’œil. L’opération consiste à changer le tissu qui recouvre le globe de l’œil (cornée), venu du corps d’une autre personne, explique le Dr Dieudonné Ngoy. Un essor de la chirurgie qui fait face à l’absence d’un cadre légal. « Nous nous sommes permis de faire la greffe de la cornée parce que ce n’est qu’un tissu », fait remarquer l’ophtalmologue. Entretien.
Sahutiafrica : A quoi consiste la greffe de la cornée ?
Dr Dieudonné Ngoy : Cette chirurgie consiste à prendre la cornée d’une autre personne et la placer sur une autre qui la nécessite. C’est-à-dire, la personne, dont la cornée est abimée pour une raison et une autre. On l’enlève et on la remplace par une autre. La chirurgie prend entre trente à quarante minutes au maximum.
SA : Pourquoi les greffes, en général, ne se pratiquent pas en RDC?
DN : Ça s’explique par les difficultés que nous rencontrons. D’abord, le cadre légal n’existe pas chez nous pour les greffes de différents organes. Mais il y a une particularité avec la cornée qui est un tissu. C’est pour cette raison que nous nous sommes permis de faire la transplantation de la cornée.
La deuxième difficulté, c’est l’acquisition de la cornée ou des greffons. En RDC, nous n’avons pas la culture de donner les organes. Lorsque quelqu’un meurt, on ne sait pas prendre les organes. Avec nos habitudes culturelles, il est difficile de le faire. Mais pour le faire, il faut l’autorisation de la famille du défunt ou l’autorisation du défunt de son vivant. Par contre sous d’autres cieux, on oblige avant l’acquisition des certains biens comme le véhicule d’accepter que les organes soient récupérés en cas d’une mort par accident. Chose qui ne se fait pas dans notre pays. Ça nous demande beaucoup d’exercices et des relations pour obtenir le greffon.
SA : Quel est le pourcentage du succès de cette intervention ?
DN : Les chances de réussite dépendent du type de greffon. S’il est de bonne qualité, le taux de réussite est énorme surtout. Il est aussi important que le malade respecte la prise des médicaments. Et là, les chances de rejet sont vraiment minime.
SA : Au bout de six mois est-ce que l’œil peut-il recouvrer son usage normal ?
DN : Au bout de cette période, l’œil du patient redevient normal. Il va revoir normalement comme tous les voyants. Il sera content de sa vision et de l’esthétique parque après cette intervention, il n’y a pas des cicatrices qui attirent l’attention.
SA : Quels matériels faut-il avoir pour une intervention de la greffe de la cornée ?
DN : Ça ne demande pas un matériel très compliqué. Il faut d’abord l’acquisition du greffon. C’est tout simplement la suture de la cornée. Et tout médecin est censé le connaître.
Propos recueillis par Joe Kashama