Des images prises en caméra cachée dans le cadre d’une enquête, circulent sur les réseaux sociaux, Vidiye Tshimanga, conseiller stratégique du président congolais Félix Tshisekedi, est en train de proposer un accès aux mines du pays à ceux qu’ils croyaient être des investisseurs, en échange d’une commission. Un nouveau scandale qui choque dans l’opinion nationale.
« Si nous faisons des affaires ensemble, je prendrai mon pourcentage de l’investissement et je gagnerai de l’argent », dit Vidiye Tshimanga dans la vidéo diffusée par un média européen, pour une enquête réalisée en partenariat avec un consortium d’investigation OCCRP, spécialisé dans la lutte contre la corruption.
Pour Jimmy Kande, militant anti-corruption et chercheur au groupe d’étude sur le Congo, cette affaire questionne les pratiques qui sont décriées depuis plusieurs mois. « Vidiye Tshimanga n’est peut-être pas un cas isolé. Seulement, il pourrait être celui qui était habitué à ce genre de pratique », souligne-t-il.
« Au regard de toutes les déclarations qu’il fait dans la vidéo, on a la preuve qu’il s’était livré au trafic d’influence, qui aurait pu aboutir à des faits de corruption si c’était des investisseurs réels. Ce qui nous pousse à nous questionner sur ce qu’on a fait de la lutte contre la corruption, dans la mesure où toutes les affaires sont aujourd’hui sans suite », dit M. Kande.
Toutefois, il estime qu’il n’est jamais très tard pour mieux faire, même si aujourd’hui cette lutte contre la corruption est une coquille vide. « Avec tous les rapports de l’inspection générale des Finances (IGF) qui sont oubliés. La justice qui ne fait pas librement son travail, et l’union sacrée qui est devenue le refuge de tous ceux qui veulent se blanchir de leurs actes », explique-t-il.
Il pense que le président Tshisekedi devrait bien faire aussi le ménage dans son entourage ainsi que partout où c’est nécessaire. « Qu’il prenne des décisions afin de donner une autre tournure à la lutte contre la corruption, s’il ne veut pas être vu comme complice de ceux qui sont décriés », préconise ce militant anti-corruption.
Il appelle le chef d’Etat congolais à montrer l’exemple en faisant auditer ses propres services, qui serait un geste d’une grande portée. « L’Igf doit être mise dans les conditions lui permettant de faire son travail, même chose pour la Cour des comptes. Et leurs rapports ne doivent pas être classés sans suite, comme c’est le cas avec bien d’autres », soulève-t-il.
Jimmy Kande considère qu’il doit y avoir de « sérieuses réformes dans le système judiciaire, afin de lui doter d’un certain crédit, et de lui permettre de bénéficier d’une certaine estime de la population, qui ne lui fait plus confiance ».
Face à cette polémique, la présidence de la République a, dans un communiqué, rapporté que « toute personne, y compris au sein du Cabinet du président de la République, dont le comportement avéré aura enfreint la loi, la déontologie de sa fonction ou le règlement d’ordre intérieur du Cabinet présidentiel, subira la rigueur de leurs effets ».
Et dans la même occasion, Vidiye Tshimanga a présenté sa démission en tant que conseiller stratégique du président congolais au lendemain de ce scandale de corruption. Pour lui, démissionner, « c’est la seule décision de dignité qu’il puisse pendre à ce stade ».
Dinho Kazadi