Au Sénégal, le réseau social TikTok a été suspendu par les autorités suite à la diffusion de messages haineux et subversifs après des protestations contre l’incarcération de l’opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024, et la dissolution de Pastef, son parti.
« Il a été constaté que l’application TikTok est le réseau social privilégié par des personnes mal intentionnées pour diffuser des messages haineux et subversifs menaçant la stabilité du pays », a déclaré Moussa Bocar Thiam, ministre sénégalais de la Communication et de l’Économie numérique dans un communiqué.
Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel, estime que « les autorités devraient rétablir l’accès à Internet, afin de permettre la libre circulation de l’information et la capacité des citoyens à faire valoir leurs points de vue ».
Lundi 31 août, l’accès à internet a été coupé sur les téléphones mobiles après la dissolution du Pastef. Plusieurs ONG de défense des droits humains ont dénoncé une menace pour la démocratie, mais aussi des atteintes aux droits et libertés fondamentaux.
« La décision du gouvernement de dissoudre le Pastef viole les libertés d’expression, d’association, de réunion pacifique et de participation démocratique », a dénoncé l’Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué mardi soir.
Dans un autre communiqué mercredi, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres sénégalaises rappellent que « la dissolution d’un parti politique est une mesure extrêmement grave, qui ne devrait être utilisée qu’en dernier recours, et ce, conformément aux principes démocratiques et au respect des droits fondamentaux ».
Le placement en détention de M. Sonko lundi, pour différents chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, a provoqué des mouvements de protestation. Au moins trois personnes ont trouvé la mort dans le sud du pays et dans la banlieue de Dakar.
Avec cette troisième procédure qui s’ajoute à deux autres condamnations, M. Sonko risque, selon des juristes, cinq à 20 ans de prison.
Mervedie Mikanu