Les récents massacres perpétrés en Ethiopie ne sont pas dus à la négligence du gouvernement ou des forces de sécurité. C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre Abiy Ahmed aux députés jeudi 7 juillet. Il souligne que les tueries commises par des personnes armées ne sont pas un problème spécifique dans le pays. C’est après avoir longuement énuméré les statistiques des morts par armes à feu aux Etats-Unis.
« Les récentes tueries en Ethiopie ne doivent pas être attribuées comme le font certains à la négligence du gouvernement qui ne ferait pas son travail et n’assumerait pas ses responsabilités », a assuré M. Abiy aux membres de la Chambre des représentants du chambre basse du Parlement qui l’interrogeaient sur les récents massacres dans l’ouest du pays.
Il indique que son gouvernement tente de protéger ses citoyens 24h/24. « Les forces de sécurité ont pu sauver beaucoup de vies, bien que certains aient péri ou aient disparu. Ils sacrifiaient leur vie chaque jour », a-t-il dit.
Il reproche aux députés d’être peut-être plus focalisés sur les morts que des vies sauvées. « La Chambre est appelée reconnaître et honorer les efforts des forces de sécurité », a-t-il ajouté.
Entre le 18 juin et le 4 juillet, plusieurs centaines de villageois dont majoritairement amhara, la deuxième communauté ethno-linguistique du pays ont été tués dans deux massacres successifs perpétrés par des hommes armés dans deux zones de l’ouest de la région de l’Oromia, la plus vaste et peuplée du pays.
Aucun bilan officiel n’a été rendu public, mais une porte-parole du Premier ministre a indiqué le 30 juin que 338 victimes du premier massacre avaient « déjà été identifiées ».
Les autorités ont attribué ces deux tueries à l’Armée de libération oromo (OLA), rébellion active en Oromia depuis 2018 et classée organisation terroriste. Celle-ci a démenti et pointé du doigt une milice progouvernementale.
« Si nous intensifions nos efforts dans la direction prise, tous les groupes, que ce soit +Shane+ (nom donné par les autorités à l’OLA, nldr) ou d’autres seront éradiqués », a-t-il assuré.
Mercredi, les députés ont décidé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les « massacres inhumains de civils » commis à travers l’Ethiopie, sans faire explicitement référence aux plus récents en Oromia.
L’ouest de l’Oromia connaît depuis l’arrivée de M. Abiy au pouvoir en 2018 un cycle de violences entre communautés oromo (native de la région) et amhara, minorité installée de longue date.
Plusieurs tueries y ont déjà été enregistrées, notamment en 2021. Des violences similaires ont eu lieu l’an dernier dans des zones peuplées d’Oromo dans la région de l’Amhara voisine.
La Rédaction