Dimanche 19 mai, des centaines de personnes ont manifesté dans la rue de la capitale tunisienne pour soutenir le président Kaïs Saïed, au milieu de nombreuses critiques dans le pays et à l’étranger après une vague d’arrestations parmi lesquelles des journalistes, des militants et des avocats.
Dans la rue Habib Bourguiba, le principal boulevard de la capitale, des manifestants ont brandi des photos de Saïed et des banderoles appelant l’Occident à laisser la Tunisie tranquille. Sur place, dont la plupart sont arrivés en bus depuis l’extérieur de la ville, ont scandé : « Le peuple veut Kaïs Saïed ».
« Nous sommes ici pour soutenir Saïed. Nous sommes contre l’intervention étrangère et les traîtres. L’Occident déplace ici ses lobbies et ses traîtres pour déstabiliser la Tunisie », a dit Ammar Hassen, âgé de 37 ans, cité par Reuters.
Ce mois, la police tunisienne a arrêté dix personnes, dont des journalistes, des avocats et des responsables de groupes de la société civile. C’était dans le cadre de ce qui a été décrit comme une répression par Amnesty International et Human Rights Watch, qui ont appelé la Tunisie à respecter la liberté d’expression et les libertés civiles.
En fait, la semaine dernière, les avocats se sont mis en grève. Ils affirment que l’un des deux avocats arrêtés lors de la perquisition du barreau a été torturé. Une allégation démentie par le ministère de l’Intérieur.
Mais suite aux critiques internationales, le président Saïed a demandé la semaine dernière au ministère des Affaires étrangères de convoquer plusieurs ambassadeurs pour protester contre l’ingérence de leur pays dans les affaires tunisiennes.
En Tunisie, Kaïs Saïed, arrivé au pouvoir à la suite d’élections libres en 2019, a fermé le Parlement deux ans plus tard. Il a commencé à gouverner par décrets. Ce dernier a accusé à plusieurs reprises des militants, des groupes de la société civile et ses opposants de trahison.
La plupart des dirigeants de l’opposition sont en prison depuis des mois, notamment Abir Moussa, chef du Parti constitutionnel libre, et Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha. L’Union européenne, la France et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude face aux arrestations et à une descente de police au siège du barreau ce mois-ci, au cours de laquelle deux avocats critiques à l’égard du président ont été arrêtés.
Josaphat Mayi