Lundi 13 mai, les avocats tunisiens ont entamé une journée de grève pour protester contre l’arrestation de Sonia Dahmani, éminent critique du président, dans un contexte de crise politique croissante en Tunisie.
Des dizaines d’avocats se sont rassemblés devant la salle d’audience, où un juge devait commencer à entendre le cas de Dahmani. Sur place, ils scandent des slogans tels que « Quelle honte, les avocats et la justice sont assiégés ».
Sonia Dahmani a été arrêtée après avoir déclaré, la semaine dernière, dans une émission de télévision que « la Tunisie est un pays où la vie n’était pas agréable ». Elle a commenté un discours du président Saïed, qui a affirmé qu’il y avait un complot, visant à pousser des milliers de migrants sans papiers en provenance des pays subsahariens à rester en Tunisie.
Le porte-parole du ministère public renseigne que l’affaire contre Mme Dahmani n’avait rien à voir avec sa pratique d’avocat. Sans toutefois donner plus de détails.
Samedi dernier, la police tunisienne a pris d’assaut le bâtiment du doyenné des avocats et a arrêté Sonia Dahmani, une avocate connue pour ses critiques acerbes à l’égard du président Kaïs.
Dimanche, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Tunis, la capitale, pour exiger la libération des journalistes, militants et personnalités de l’opposition emprisonnés, ainsi que la fixation d’une date pour une élection présidentielle équitable.
La plupart des dirigeants de l’opposition sont en prison depuis des mois. Il s’agit notamment d’Abir Moussa, chef du Parti constitutionnel libre, et de Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha. Ils sont détenus pour diverses accusations, aux côtés d’autres dirigeants accusés de conspiration contre la sécurité de l’État.
Les dernières manifestations surviennent dans un contexte de crise économique, politique et d’une vague d’arrestations visant des journalistes, des avocats, des militants et des opposants.
Lundi, le procureur tunisien a prolongé la détention de deux journalistes. Ils ont été arrêtés lors d’un autre incident survenu le même jour. Il s’agit de deux journalistes de la radio IFM, Mourad Zghidi et Borhen Bsaiss pour leurs commentaires à la radio et leurs publications sur les réseaux sociaux, selon leurs avocats.
En Tunisie, M. Saïed a pris ses fonctions à la suite d’élections libres en 2019. Mais deux ans plus tard, il s’est emparé de pouvoirs supplémentaires en fermant le Parlement élu et en décidant de gouverner par décret. Il a aussi assumé l’autorité sur le système judiciaire. Une mesure que l’opposition a qualifiée de coup d’État et accuse le président tunisien de vouloir porter un costume trop grand pour lui.
Josaphat Mayi