Le président Kais Saied rassure que la Tunisie est un pays de « tolérance et de coexistence » lors d’une rencontre avec des dignitaires juif, musulman et chrétien après la fusillade meurtrière aux abords d’une synagogue à Djerba.
« C’est une rencontre historique importante qui atteste de la tolérance et de la coexistence qui caractérisent la Tunisie depuis des siècles », a déclaré M. Saied en recevant le mufti de la République Hichem ben Mahmoud, le grand rabbin de Tunisie Haim Bittan, et l’archevêque de Tunis Ilario Antoniazzi, selon une vidéo de la présidence.
Cette rencontre survient après la fusillade perpétrée le 9 mai par un gendarme aux abords de la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba pendant le pèlerinage juif annuel.
Trois gendarmes et deux fidèles, un Israélo-tunisien et un Franco-tunisien, ont été tués par les tirs de l’assaillant, avant qu’il ne soit abattu par la police. Lors de cette rencontre, le président Saied a assuré que l’enquête pour déterminer les commanditaires de cette attaque avançait.
Quatre personnes en lien avec l’assaillant, soupçonnées d’être impliquées dans cette opération, ont été arrêtées et placées en garde à vue, a indiqué mercredi soir la radio privée Mosaïque FM.
Les autorités tunisiennes ont dénoncé une attaque « criminelle » mais se sont gardées de la qualifier de « terroriste » ou de lui conférer une dimension antisémite. Saied a affirmé aux dignitaires mercredi que l’attaque visait à « porter atteinte à la Tunisie et sa stabilité et y semer la discorde et la division ».
« Vous pouvez vivre en paix et nous allons garantir votre sécurité », a-t-il lancé à l’adresse de la communauté juive tunisienne, démentant une nouvelle fois tout antisémitisme d’Etat à son égard. Affirmant « faire la distinction entre judaïsme et sionisme », il a par ailleurs rejeté toute « normalisation » avec Israël et appelé la communauté internationale à « mettre fin à la tragédie du peuple palestinien ».
Le rabbin Bittan a qualifié la rencontre « d’excellente » et affirmé avoir reçu « des assurances que ce qui s’est passé (à Djerba) ne se reproduira pas ».
Le pèlerinage de la Ghriba est au cœur des traditions des Tunisiens de confession juive, qui ne sont plus que 1.500 contre 100.000 avant l’indépendance en 1956.
En 2002, la synagogue avait été visée par un attentat suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts. Il avait été revendiqué par Al-Qaida.
AFP/Sahutiafrica