Angola : des réformes économiques au cœur du second mandat de Joao Lourenço

Investi pour un second mandat jeudi 15 septembre, le président Joao Lourenço, 68 ans, fait des réformes économiques la priorité de son quinquennat.

Pour lui, le pays a les moyens d’aller davantage vers « l’économie de marché ». M. Lourenço s’est engagé à soutenir le secteur privé et améliorer les services. Le pays a fait le choix de la « continuité » et la « stabilité » en lui confiant un second mandat, a-t-il poursuivi, promettant de poursuivre la libéralisation économique d’un pays dirigé depuis 47 ans par un parti de tradition socialiste.

Dans un contexte de grande pauvreté, d’inflation galopante et de grave sécheresse, l’opposition a gagné du terrain (43,95%), notamment auprès d’une jeunesse qui réclame des emplois et une vie meilleure.

Riche en ressources naturelles, l’Angola est l’un des pays les plus pauvres et les plus inégalitaires au monde. La manne pétrolière n’a enrichi qu’une élite proche de l’ancien président et mentor de M. Lourenço à l’héritage controversé, José Eduardo dos Santos. Mort en Espagne en juillet, ce dernier a été enterré en pleine semaine électorale, sans avoir jamais répondu devant la justice d’accusations de corruption et népotisme.

Lire aussi :  Hausse des prix du carburant : une manifestation dégénère, au moins cinq morts en Angola

Avec l’ambition de devenir l’homme du « miracle économique », celui qui a hérité en 2017 d’un pays dépendant du pétrole et en récession, a lancé lors de son premier mandat un ambitieux plan de réforme visant à varier les sources de revenus et privatiser les entreprises publiques.

Mais la majorité de la population n’a pas bénéficié de ces mesures et la moitié des 33 millions d’Angolais vivent toujours sous le seuil de pauvreté. « Le président parle bien mais ce sont beaucoup de promesses. Nous voulons une vie meilleure, de meilleurs salaires, de la nourriture sur la table, des écoles et des hôpitaux », a dit à l’AFP Luiza Basic, une enseignante de Luanda.

Lourenço a surpris, une fois élu, en limogeant de nombreux dirigeants d’institutions et d’entreprises ainsi que des chefs de l’appareil sécuritaire, visant le clan dos Santos, qui a dénoncé une « chasse aux sorcières ». Beaucoup jugent toutefois que cette campagne a été sélective et politiquement motivée. Et certains analystes estiment que l’ex-général d’artillerie continue dans la droite ligne de son prédécesseur à réprimer toute dissidence.

Jeudi, la place de la République, lieu historique de la capitale angolaise ouverte sur l’Atlantique où avait lieu la cérémonie d’investiture, était bordée par un important cordon de sécurité, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Lire aussi :  Angola : la dépouille d'Edouardo dos Santos en route pour Luanda

Le premier parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance (Unita), qui clame avoir remporté le scrutin, avait évoqué l’organisation de « manifestations pacifiques » après le rejet en début de mois par le tribunal constitutionnel de son recours pour contester les résultats. L’opposition avait déjà contesté, sans obtenir gain de cause, les résultats des élections en 2017.

Le principal opposant, Adalberto Costa Junior, 60 ans, n’était pas présent à l’investiture. La veille, il avait finalement indiqué que son parti accepterait que ses parlementaires soient investis. De nombreux Angolais avaient décidé de rester chez eux et dans les rues de Luanda, où des chars de l’armée étaient stationnés, seuls quelques vendeurs de rue étaient présents.

Quelque 15.000 Angolais, strictement sélectionnés, étaient invités à la cérémonie à laquelle une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, devaient participer. Esperança Maria da Costa, 61 ans, biologiste et professeure d’université, a été investie vice-présidente, devenant la première femme à ce poste dans le pays.

AFP/Sahutiafrica

Les plus lus

Carnet de Christian Gombo : le Prince Épingle (comprenez le Prince des épingles) veut le dialogue…

Parce que Macron se moque de nous. Il se fout de nous. Lui et sa Francophonie, ou France à fric, ou France à pic,...

RDC : indignation de la presse sportive après l’agression d’un journaliste

L’agression, à la veille de l’affiche RDC-Tanzanie, du journaliste Gede Luiz Kupa par l'agent commis à la sécurité de l'équipe nationale, suscite l’indignation des...

RDC/Elim-CAN 2025 : Sébastien Desabre confiant avant les retrouvailles avec la Tanzanie

Avant de retrouver la Tanzanie pour la 3e journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, Sébastien Desabre, sélectionneur des Léopards,...

Au Burkina Faso, l’insécurité menace l’éducation

Environs 6000 écoles ont été fermées en raison de l'insécurité qui continue d'augmenter au Burkina Faso, selon rapport statistique mensuel des données de l'éducation...

Ouganda : interdiction de la pratique du «disco matanga» pendant les enterrements

En Ouganda, le gouvernement interdit la pratique du « disco matanga », pendant les enterrements, arguant que ces danses diaboliques dégénèrent notamment, en violences...

Sur le même thème

Cameroun : le gouvernement interdit tout débat sur la santé de Paul Biya

Alors que l’inquiétude continue de planer, le gouvernement interdit aux médias de parler de l’état de santé du président Paul Biya au Cameroun.   « Le chef...

Côte d’Ivoire : le parti de Laurent Ggagbo dénonce l’arrestation de Charles Rodel Dosso

Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), parti de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo, a dénoncé l’arrestation de Charles Rodel Dosso, ancien ministre...

Le Burkina suspend la diffusion de la VOA pour trois mois

Au Burkina Faso, la diffusion de la radio américaine Voice of America (VOA) a été suspendue pour une durée de trois mois.   L’autorité de régulation...

La RDC devient membre du Conseil des droits de l’homme de l’Onu

Ce mercredi 9 octobre, la RDC est devenue membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies après le vote tenu à l’Assemblée...

Elections générales au Mozambique : vote sans suspense mais sous tension

Ce mercredi 9 octobre, les Mozambicains se sont rendus aux urnes pour élire leur président et le Parlement, un scrutin sans grand suspense mais...