Ce jeudi 25 juillet, Amnesty International a appelé les Nations unies à prolonger l’embargo sur les armes dans la région du Darfour à l’ensemble du Soudan pour mettre un terme aux livraisons de munitions et d’armes, alors que le Soudan est plongé dans une guerre sanglante entre rivaux généraux.
« Le Conseil de sécurité doit urgemment étendre l’embargo sur les armes à l’ensemble du Soudan », a affirmé dans un communiqué Deprose Muchena, directeur général d’Amnesty en charge de l’impact régional sur les droits humains.
Même si le Conseil de sécurité de l’ONU, dont la réponse à la guerre est qualifiée de « terriblement inadéquate » par Amnesty, n’étend pas l’embargo, « tous les Etats » et les acteurs concernés « doivent cesser immédiatement de fournir des armes et des munitions au Soudan », ajoute le communiqué.
L’embargo en place depuis 2004 ne concerne que le Darfour, une vaste région de l’ouest du Soudan, frontalière du Tchad, déjà meurtrie par une guerre civile dans les années 2000.
Cet appel a été lancé à l’occasion de la sortie d’une nouvelle enquête qui « montre que les armes entrant dans le pays ont été placées entre les mains de combattants accusés de violations du droit humanitaire et des droits humains ».
Ces armes « proviennent de Chine, de Russie, de Serbie, de Turquie, des Emirats arabes unis et du Yémen », affirme l’enquête, soulignant qu’elles sont « importées en grande quantité au Soudan et parfois détournées vers le Darfour ».
« Il y a des centaines de milliers d’armes, des millions de munitions qui entrent au Soudan », contribuant à des violations massives des droits humains, a déclaré à l’AFP Brian Castner, conseiller d’Amnesty pour les situations de crise.
Selon lui, la quantité d’armes légères entrant dans le pays est particulièrement alarmante. « La plupart des gens sont tués par des armes légères. La plupart des violations, y compris les violences sexuelles et les déplacements, sont facilitées par des armes légères », a-t-il affirmé, ajoutant que « ce sont des soldats isolés avec des fusils qui chassent les gens de chez eux et brûlent leurs maisons ».
Lundi, Médecins sans frontières a affirmé que sur des milliers de blessés soignés dans l’un des principaux hôpitaux de l’ONG à Khartoum, 53% souffraient de blessures par balles.
La guerre s’oppose depuis avril 2023 à l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de bombardements aveugles de zones habitées, d’avoir visé arbitrairement des civils et bloqué l’aide humanitaire.
La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, certaines estimations faisant état de 150.000 personnes tuées, selon l’envoyé américain au Soudan, Tom Perriello. Elle a contraint plus de onze millions de personnes à fuir à l’intérieur du pays et à l’étranger, ravageant les infrastructures et poussant le Soudan au bord de la famine.
AFP/Sahutiafrica