« Nous avons eu un procès, qui se tient en déphasage entre une certaine opinion nationale alliée à des médias internationaux. Une autre opinion nationale plus attachée à d’autres priorités. Ce procès risque de raviser les fissures nationales car il se tient à un mauvais moment », a déclaré Me Hermann Yaméogo, analyste politique burkinabé, à Sahutiafrica. Il confie que si l’opinion internationale glorifie le capitaine Thomas Sankara. « Ce dernier n’est pas chéri par la majorité du peuple burkinabé ». « Certains crient à la restauration de la vérité ainsi qu’à la réhabilitation des noms disparus comme le colonel Some Yorian ».
D’après lui, il est incompréhensible que « la priorité soit accès sur un procès politique alors que le pays fait face à des attaques terroristes ». « La logique serait qu’on mette l’accent sur la réconciliation nationale et sur les dispositions à prendre pour réunir les burkinabé contre l’ennemi comme qui est le terrorisme », a dit Hermann Yaméogo.
« Comment est-ce qu’on peut confier un problème aussi important à une justice militaire ? Qui est dépendante de l’exécutif puisque cette juridiction militaire prend ses ordres au niveau du ministère de la Défense. Cette juridiction d’exception ne peut en aucun cas engagé un procès aussi important », a-t-il regretté. Pour lui, ce procès de Thomas Sankara aurait dû se tenir à un autre moment et un autre lieu.
« Il n’y a pas de différence de méthode entre la justice révolutionnaire du Conseil National de la Révolution (CNR) et cette juridiction militaire. Le pouvoir en place cherche à tout prix de faire effacer Blaise Compaoré. Les juges vont dire que ce que le gouvernement attend d’eux. Un procès qui s’est tenu dans la salle de banquet destinée à la manifestation des festivals. Les droits de défense des accusés ne seront pas pris en considération. Le gouvernement veut détourner l’opinion internationale avec ce procès, en faisant croire que la personne de Thomas Sankara est l’objet d’une vénération nationale sans discussion », a-t-il ajouté.
A peine ouverte lundi 11 octobre, le procès de l’assassinat de Thomas Sankara en 1987 a été renvoyé au 25 octobre pour permettre aux avocats de la défense de consulter davantage le dossier.
Ali Maliki