En Centrafrique, Me Nicolas Tiangaye, ancien Premier ministre et cadre du bloc de l’opposition, accuse le président Faustin-Archange Touadéra, réélu pour un second mandat en 2020, de vouloir s’éterniser au pouvoir et s’étonne du silence de la communauté internationale face à ce qu’il qualifie de « coup d’Etat constitutionnel ».
Lundi, le président centrafricain a remis le projet du texte sur la nouvelle Constitution à la direction nationale de la campagne référendaire, organe chargé de le publier. Il a aussi fixé au 30 juillet la tenue du référendum. Pour Nicolas Tiangaye, ce référendum vise à verrouiller la limitation de mandats présidentiels. Ce qui est plus grave, déplore-t-il, « c’est que dans ce texte, le mandat passe de 5 à 7 ans et renouvelable sans limitation ».
« Nous du bloc républicain pour la défense de la Constitutionnel, nous estimons que ce qui se passe actuellement est un véritable coup d’État et nous ne pouvons que le condamner et mener notre lutte jusqu’à ce que l’on revienne à une légalité constitutionnelle conforme aux aspirations profondes des Centrafricains, parce que la constitution de 2016 a été l’objet d’un forum national précédé des consultations populaires, et ça a fait l’objet d’un consensus national avant d’être plébiscitée à 93% », a déclaré Nicolas Tiangaye à Sahutiafrica.
Me Tiangaye affirme « qu’après sept ans, on ne peut revenir pour remettre tout cela en cause et préparer en catimini une constitution qui est aux antipodes des règles démocratiques universelles ». « Nous pensons que cette situation peut conduire le pays à une implosion », craint-il.
Il dénonce aussi « l’exclusion d’une catégorie de Centrafricains. « Les binationaux sont considérés comme n’étant pas des vrais centrafricains. Cette discrimination est une situation dangereuse qui peut provoquer une grave crise politique et créer aussi un climat d’insécurité dans le pays », prévient l’opposant.
En fait, la Centrafricaine reste en proie à l’insécurité avec des attaques de groupes armés. D’après M. Tiangaye, lorsqu’on exclut une catégorie de citoyens et s’ils n’ont pas le moyen de participer à la vie politique du pays, ils seront tentés d’utiliser la violence comme seule possibilité et c’est déjà arrivé dans notre pays, avec toutes les rébellions, les groupes armés motivés par le sentiment d’exclusion.
L’opposition annonce une manifestation contre la tenue du référendum constitutionnel ce vendredi 14 juillet. Elle ne veut pas faiblir la pression.
« Ceux qui ont tenté ça avant lui, on sait comment ils ont fini. Nous restons confiants et nous mènerons notre bataille selon les voies autorisées par la loi, de façon pacifique avec la population centrafricaine, pour faire échouer cette volonté de se maintenir coûte que coûte à la tête du pays ad vitam aeternam », lâche Nicolas Tiangaye.
Dinho Kazadi