Depuis lundi 21 février, quatre militaires français de la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) sont aux arrêts. Ils sont soupçonnés d’avoir tenté d’assassiner le président Faustin-Archange Touadéra. Mardi 22 février, la justice centrafricaine a ouvert une enquête.
Wagner, pomme de discorde entre Paris et Bangui ?
Depuis quelque temps, les relations restent crispées entre Bangui et Paris. Cela depuis que l’administration du président Touadéra a préféré le groupe russe Wagner aux services français.
Le parquet de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bangui a ouvert une enquête pour faire la lumière sur les faits reprochés aux militaires français de la Minusca. Lundi, les images de l’arrestation de ces militaires ont alimenté les débats sur les réseaux sociaux. Cela se fait suivre des allégations de tentatives d’assassinat du président centrafricain.
Véhicule suspect à l’arrivée de Touadera
Selon le procureur Laurent Lengande, « alors que les forces de sécurité étaient mobilisées à l’aéroport International de Bangui Mpoko par rapport au retour du Président de la République du sommet de Bruxelles, elles ont remarqué la présence d’un véhicule suspect, moteur en marche avec des passagers à bord et s’y sont intéressées ».
« Il s’agit d’un véhicule suivi par les services de renseignements de la police depuis deux mois et qui se retrouvait sur le parking civil, à moins de 30 mètres du passage du cortège présidentiel. Au moment de la vérification, on trouverait à bord quatre militaires de race blanche habillés en treillis sans coiffure et lourdement armés », dit le procureur Lengande. Il affirme que ces militaires ont été conduits à la section des recherches et d’investigations pour besoin d’enquête.
Mais un responsable de l’armée française cité par l’AFP précise que « ces militaires appartiennent au corps de la légion étrangère et sont toujours détenus par les autorités centrafricaines ». Stéphane Dujarric, porte-parole d’Antoine Guterres, affirme que « ces militaires portent des cartes d’identification de l’ONU ».
Pour les autorités Centrafricaines, seule l’enquête en cours permettra d’établir ou pas la culpabilité des personnes arrêtées.
« Le commandant de la Force de casques bleus de l’ONU et l’adjoint de l’émissaire onusien dans ce pays ont été reçus par le président Touadera afin de traiter ce dossier. Tout le monde essaie de dénouer cela pour que l’on assiste à la libération au plus vite des quatre militaires », espère Stéphane Dujarric.
Un bras de fer entre la France et la Russie ?
La France et la Minusca dénoncent une campagne de désinformation. Le jour de cet événement, Paris et Washington ont accusé Wagner, devant le Conseil de sécurité, d’avoir commis des exactions contre de civils aux côtés de forces centrafricaines lorsqu’ils combattaient les rebelles.
Pourtant, le journal en ligne Corbeau News rapporte qu’à l’initiative de Wagner, des organisations proches du camp présidentiel auraient projeté vendredi prochain une manifestation devant le quartier général de la Minusca à Bangui pour dénoncer « le jeu dangereux auquel se livre la Minusca ».
« Une somme d’un million de francs CFA aurait été remise aux organisateurs par la société Wagner. Cette somme serait consacrée à la confection des banderoles et la sensibilisation. Il y aura la deuxième tranche qui sera versée d’ici vendredi 25 février », renseigne la même source.
Mais le gouvernement centrafricain ne s’est pas encore prononcé. Visiblement, cette affaire ressemble une épreuve de force entre la France et la Russie.
Trésor Mutombo