«Le 10 juin 1991 me rappelle la cérémonie symbolique de lavement des mains à la fin de la Conférence nationale. J’ai aussi en mémoire les engagements pris par les participants pour instaurer un état démocratique, prospère et uni. Malheureusement, la suite a été catastrophique avec la guerre civile de 1993. Mais surtout celle du 5 juin 1997 dont nous connaissons les dégâts et la fracture sociale qui en est suivi», relate Fernand Pépa, ancien syndicaliste membre de la confédération syndicale congolaise (CSC).
Le 10 juin 1991 est une date qui a marqué un tournant dans l’histoire politique de la République du Congo. La fin de la Conférence nationale souveraine a suscité plusieurs espoirs de changement. Mais ces espoirs semblent s’envoler. Ce dialogue inter congolais s’est ouvert le 25 février 1991 sous l’égide du Monseigneur Ernest Nkombo, à l’époque évêque d’Owando. Et s’est clôturé le 10 juin de la même année.
L’objectif de la CNS était d’ouvrir le pays au pluralisme démocratique. Le vent de la démocratisation qui soufflait à Kinshasa, capitale du Zaïre à l’époque, traverse l’autre rive du fleuve Congo. Les participants de la CNS ont demandé l’instauration d’une démocratie pluraliste par une nouvelle constitution. Après les discussions, André Milongo a été élu Premier ministre. Mgr Kombo président du Conseil supérieur de la République, alors que Denis Sassou Nguesso reste le chef de l’État.
«Le jeune reporter que je fus à l’époque, a été enthousiaste par rapport aux débats certes tendus mais francs des acteurs politiques lors de la conférence nationale», confie Jean Claude Gambara, ancien de l’hebdomadaire public de l’époque «Mweti».
«Mais avec le recul et en constatant que les promesses tenues n’ont pas empêché le pays à sombrer dans une parenthèse sanglante ; que la fraude, la corruption, l’enrichissement illégale, les antivaleurs continuent à retarder le développement du pays. Je reste toujours à l’attente d’un véritable état de droit qui prévaudra l’égalité des chances, du moins pour ceux qui viendront après nous», poursuit-il.
Le 10 juin 1991 est une date qui a marqué un tournant de l’histoire politique du Congo. C’était le vent de la démocratisation à Brazzaville. Trois décennies après, certains congolais gardent les souvenirs de la CNS.
Achille Tshitoko