« L’enquête du Congo hold-up ne se résume pas seulement en incriminant l’ancien président congolais Joseph Kabila. Mais elle travaille pour incriminer tout un système, qui a profité à lui-même, à son camp et à des étrangers corrupteurs et corrompus qui sont venus profiter de la faiblesse de notre système pour pouvoir s’enrichir et piller le peuple congolais », a confié Jean-Jacques Lumumba, militant congolais anticorruption et lanceur d’alerte dans un entretien exclusif à Sahutiafrica. Il appelle la justice tant nationale qu’internationale de se saisir du dossier. Et que la vérité soit prouvée au peuple congolais.
Sahutiafrica : qu’est-ce qui vous anime dans cette démarche de dénoncer les bavures dans les banques qui ont travaillé sous le régime Kabila ?
Jean-Jacques Lumumba : C’est la recherche de la vérité et de la recherche de la justice pour le peuple congolais. Les documents de l’enquête ne parlent pas que de ce qui s’est passé avec le réseau Kabila mais ils vont plus loin en citant plusieurs hommes d’affaires Belges, Français, Suisses et Libanais. En tant que lanceur d’alerte, l’intérêt est que la justice puisse se saisir de cette affaire pour rendre ce qui est de droit au peuple congolais. D’une part, l’immédiat travail pour que la vérité soit mise en lumière. Et d’autre part, cet argent soit remis au peuple congolais.
S.A : pourquoi vous n’avez pas porté ce dossier auprès de la justice congolaise ?
JJL : Nous connaissons tous l’état de la justice congolaise. Il y a pas mal des réformes qu’il faut mener, dont la protection des témoins, malheureusement nous sommes sceptiques de la neutralité de la justice de notre pays. Mais nous continuons à croire à la justice nationale et internationale. En tant qu’ONG des militants anticorruption, nous allons collaborer avec la justice congolaise pour que la vérité triomphe.
S.A : Cela vous a pris combien du temps pour réunir tous ces documents bancaires ?
JJL : J’ai dû sortir avec les documents mais les enquêteurs se sont aussi donné la peine de chercher des indices, dont ils se sont basés et ont obtenu plusieurs documents par d’autres voies. Ce qui leur a permis de monter toute cette enquête. Et ils ont prouvé l’authenticité de ces documents. Ces derniers vont au-delà des papiers comme les pensent certaines personnes. Ils peuvent être de toutes les formes et être exploités de toutes les manières possibles. Mais également avec des logiciels pour faire la différence entre un faux et un vrai. Surtout quand nous sommes face à un relevé bancaire et qu’il y a des transactions qui touchent à l’international. Des banques aussi peuvent être interrogées à l’international pour prouver l’authenticité des documents. Il y a plusieurs manières pour une institution d’obtenir des documents pour au moins prouver son authenticité.
Propos recueillis par Ali Maliki