Les députés gambiens ont entamé l’examen d’un projet de loi levant l’interdiction des mutilations génitales féminines, dont l’excision, depuis lundi 4 mars.
Ce texte a été introduit par le député Almameh Gibba en première lecture. Son examen est renvoyé à une seconde lecture prévue le 18 mars. Mais, ce projet de loi divise depuis des mois. Et surtout, l’éventualité d’un retour à la légalisation des mutilations génitales féminines, dont l’excision.
Quelques dizaines de femmes et d’hommes ont manifesté à l’extérieur et à l’intérieur du Parlement pour exiger la levée de l’interdiction. Ils ont fait valoir l’argument communément brandi, selon lequel, ce qu’ils appellent la « circoncision féminine », se distingue d’une mutilation génitale. Pour eux, il s’agit d’une tradition profondément enracinée et que l’interdire enfreint leurs droits à pratiquer leurs coutumes.
Entre-temps, de nombreuses organisations de la société civile pressent le gouvernement de rester ferme. Bilay Tunkara, chef de la majorité à l’Assemblée, affirme que son camp a besoin de se concerter jusqu’à la deuxième lecture avant de prendre une position.
En 2023, la querelle s’est avivée avec la condamnation de trois femmes à des amendes ou à des peines de prison. Un chef religieux a payé les amendes. Le Parlement a adopté la même année le premier texte, interdisant spécifiquement les mutilations génitales féminines, désormais punies de peines allant jusqu’à trois ans de prison.
Entre 2018 et 2021, une seule affaire de mutilations génitales a été portée devant un tribunal et aucune condamnation ni sanction prononcée, selon un rapport de l’Unicef. L’agence onusienne a rapporté en 2021 que 76% des Gambiennes de 15 à 49 ans avaient subi des mutilations génitales et 75% des Gambiennes de 15 à 19 ans.
L’ancien président Yahya Jammeh, en exil, avait décrété l’interdiction de l’excision en 2015. Il avait assuré qu’elle n’était pas prescrite par l’islam. En Gambie, la quasi-totalité de la population est musulmane.
D’après l’Unicef, les mutilations génitales féminines sont comme l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes pour des raisons non médicales. Elles constituent une violation des droits humains fondamentaux des filles et des femmes.
Ephra Kimuana