Faut-il réviser la constitution ? En RDC, la question divise et déchaîne les passions dans la classe politique.
Depuis l’appel de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à ses cadres de se mobiliser pour une révision de la constitution, le sujet fait un grand bruit. Et surtout, après que le président Tshisekedi, arrivé à son second mandat, a exprimé son intention de vouloir une révision de la constitution lors d’un meeting à Kisangani. Pour lui, l’actuelle n’est pas adaptée aux réalités congolaises. Un discours qui passe mal dans l’opposition. Mais le camp présidentiel pousse.
« S’il doit y avoir une révision constitutionnelle, c’est pour le bien du pays et des Congolais », tempère Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, devant un parterre de journalistes.
Citant le président Tshisekedi, il assure qu’il n’est pas « question d’un individu, mais plutôt de renforcer des institutions de l’Etat ». Pour lui, le président congolais a parlé de réflexion et une commission pluridisciplinaire va être mise en place pour « faire les choses dans la transparence ».
Lorsque cette question a été évoquée, l’opposition a rué dans les placards. Elle pose la révision de la constitution comme la ligne rouge à ne pas franchir. Au Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, ancien chef de l’Etat congolais, le ton est ferme.
« Le véritable objectif de ce projet de changement de Constitution est clair, à savoir l’instauration d’une présidence à vie omnipotente, par le déverrouillage des dispositions constitutionnelles intangibles, singulièrement celles relatives au nombre et à la durée des mandats présidentiels et aux prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées », rapporte un communiqué de cette formation politique d’opposition.
Le camp de Joseph Kabila parle « d’une machination politique, d’un pouvoir manipulateur à souhait, pour détourner l’attention de la population de son incapacité à assurer sa sécurité, à arrêter la diminution de son pouvoir d’achat, à payer régulièrement et à terme échu militaires, policiers, enseignants et professionnels de santé ». Bien avant, les opposants Martin Fayulu et Moïse Katumbi s’y sont opposés, accusant le président Tshisekedi de vouloir s’éterniser.
Jusque-là, la question n’a été pas abordée à l’Assemblée nationale. Mais elle déchaîne déjà les passions. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) s’y oppose aussi. Lors d’une sortie médiatique, Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco, a appelé le président Tshisekedi à ne pas écouter ses collaborateurs, décourageant cette démarche.
Trésor Mutombo