S’adressant à Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union africaine (UA), le Rwanda s’oppose à la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe dans l’est de la RDC (SAMIRDC).
Pourquoi ? Kigali accuse la force de la SADC de bénéficier des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), accusés de génocide au Rwanda en 1994 et des mercenaires européens. Si la résurgence de la rébellion du M23 a brouillé les relations entre Kinshasa et Kigali, le Rwanda a toujours vu l’ombre de l’armée congolaise derrière les rebelles FDLR.
Le déploiement, en décembre dernier, de la force de la SADC avec un mandat offensif est mal perçu à Kigali, où l’on ne veut pas que cette mission remplace un processus politique pour résoudre la crise dans la partie orientale de la RDC. Au moins deux soldats sud-africains ont été tués dans des tirs de mortier le 15 février dernier. Le gouvernement rwandais y voit une volonté de solution militaire en contradiction avec les initiatives de paix régionales.
« La SAMIRDC, en tant que force offensive en coalition avec ces éléments, ne peut se substituer à un processus politique bloqué par le gouvernement de la RDC. Par conséquent, l’Union africaine est exhortée à ne pas autoriser ou financer la SAMIRDC », a déclaré Vincent Butare, chef de la diplomatie rwandaise, dans un communiqué.
A quand une solution ? Jusque-là, les pourparlers entre la RDC et le Rwanda piétinent. Mais, le président Joao Lourenço, médiateur désigné de la crise par l’UA, tente d’obtenir un dialogue direct entre le président Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame. Si le Congolais est d’accord, il pose ses conditions à une telle rencontre. Lesquelles ? Il s’agit d’un « retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais, la cessation des hostilités et le cantonnement des rebelles du M23 ».
Entre-temps, les combats se poursuivent entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 dans le territoire de Rutshuru. Lundi 4 mars, des sources locales ont fait état de combats sur plusieurs axes à Bwito dans le territoire de Rutshuru. Dans la foulée, l’Union européenne, très critiquée à Kinshasa après la signature d’un accord sur le développement de chaînes de valeur durables et résilientes pour les matières premières, a dit être préoccupée par l’usage des missiles sol-aérien.
Pour l’UE, il n’y a pas de solution militaire à cette crise. Washington fait pression pour obtenir une désescalade. Kinshasa et Kigali continuent de camper sur leurs positions. Faut-il craindre les risques d’une situation explosive dans la région ? Pour l’heure, les deux camps restent ouverts à une résolution pacifique de cette crise.
Trésor Mutombo